A cause de la couleur de la rouillasse qui pelait partout, tombait du toit et chardait les petons, des copeaux qui faisaient comme la peau après la flotte, qu’on grattouille et dessous c’est le sang et les petits lambeaux, à cause qu’on respire ça et que ça colore tout, les flaques où fallait pas sauter joint, les troncs tout ridés, la techtroc que tu ramasses mais reste dans la pogne en débris, bon, la rouillasse, à cause d’elle, on se disait pas que ça irait mieux ni un jour ni jamais. Mais, pour dire vrai, quand on partait aux semailles, il arrivait qu’on tombe sur du plastoc bien frais. Des bouts qu’on savait pas bien ce que c’était, pas techtroc du tout, tout fendus, rien de batterie, rien d’écran, mais bon azul tout frais. On a trouvé les rougeots et les verdes aussi comme ça, en allant aux semailles. Cote cote le sac à graines, on avait le sac à plastoc. Ceux de la vieillerie nous le prenaient des pognes, comme des fou fou, fallait bigler ça ! Des oh, des ah, et qu’on comprenait rien, mais c’était serious. On faisait pas malin malin assis à se passer les débris. La vieillerie beuglait le nom des couleurs avec leurs bouches vaseuses qui crachotaient du jus de gorge. Et quand ils ont crevé et tous versé dans la compote à peaux pour les graines, on a rien bazardé, on a continué de looker ça. Avec nos mains on cajolait ça, d’autres y collaient la langue et mouillait ça. La graine, des fois oui, des fois non, elle prenait peu à ce temps-là. Fallait compter racines et s’abriter du goutte-goutte du ciel surtout. Le bidon, tu vois, était tant vaseux qu’il faisait la bête à nous réveiller. Alors le soir, les couleurs en toc étaient nos seuls feux souvent, qui viraient froids, qui viraient gris, et se rallumaient au matin. Ça explique pas mal pourquoi toi t’es azul, et elle rougeot et lui verde. Ça a commencé là.