La première impression n’est pas le premier bouleversement. De ces deux instances, la deuxième est la plus raisonnée, et cette dernière nous permet souvent d’approcher la première. La plupart des premières impressions, étant dans un rapport de soumission dû à notre hauteur, alors encore maigre sur terre, nous laisse souvent indifférent.
Voilà maintenant douze ans – j’en ai aujourd’hui vingt-deux- que ce fameux professeur aux tendances violentes, nous avez soumis à la vision de 2001, l’odyssée de l’espace. Ce Monsieur Bernard, qui alors, devait avoir en tête de nous assassinez de culture, nous acheva son dessein académique d’ennui. Cette œuvre, en effet, ne semblait à cette heure n’avoir accompli l’exploit que de m’en brigander.
Voilà maintenant mes 13 ans d’altitude soufflé. Je suis dans ma chambre. Et par une volonté qui m’est propre -c’est, ici, l’étonnant moment des prémices du soi pour soi-, je me décide alors à donner comme nourriture au lecteur Taxi Driver. Fin. Voilà l’oubli, le vertige, le fantastique spectaculaire du réel, qui se déroule, là, sous mes yeux, et qui vient m’attraper par la gorge et me jeter en apesanteur. Je les revois. Ces couleurs étranges, Hal, l’espace, le fétus… Je sais, j’étais là. Un monolithe s’enfonce dans mon crane, une balle dans celui de Travis.
Il n’est, croyez-moi, pas de première impression dont l’esprit n’est pas marqué, et qui, à genoux, ne vous relève du passé.