tant de fois y attendre que le jour et les autres se lèvent — les parties sombres du bois y forment toutes des têtes de cygnes aux yeux doux
c’est le chat qui a mordillé la croix — la figurine cloutée recueille ce soir encore l’inventaire des rêves que je ne veux pas faire
bercée par les rumeurs de la fête aux lueurs dorées je coule doucement au milieu des manteaux parfumés jetés là
d’ordinaire cette fenêtre donne sur la cité — si ma main passe au travers elle confirme que je dors et je peux m’envoler (ne pas se retourner)
l’odeur du tabac froid dans cette chambre rue de Jarente — le lampadaire éclaire Johnny Depp Groucho Marx la fontaine urine sans relâche sur les pavés
au Mexique Jesus et l’agneau me regardent dormir — petits tas insensés aux pieds des parois blanches une ampoule deux rétroviseurs une poignée de porte en marbre
siestes obligées murmures du tour de France — percer le papier peint mousseux avec l’ongle du pouce juste pour voir
réveils bouche sèche au fond des autocars étrangers la route défile et soudain l’invraisemblable beauté de l’aube sur des paysages inconnus
Espagne chambres familiales aux lits tirés à quatre épingles dans lesquels je ne sais pas dormir
30 signes par chambre pour un Michelin Catalogne s’y réveiller dans un tourbillon d’adjectifs épuisés
Le fait qu’il y ait un point au milieu et une MAJ au début suggèrerait qu’on rajoute un point à fin de chaque alinéa ? Mais ce principe de 2 phrases par alinéa m’interroge (6 sur les 10) : on aurait pu imaginer 10 phrases uniques, avec pour coupure au milieu, les 6, un point-virgule ou un tiret long ? ça pourrait décaler la lecture, le texte le mérite !
Merci!
Mon rapport à la ponctuation est mou, oui, pas ferme. Je ne sais pas quoi en faire, comment la manier.
J’ai mis des tirets, en effet il y a quelque chose qui surgit. Par contre j’ai bien envie de ne pas mettre de points à la fin de chaque alinéas. Mais là encore je ne sais dire pourquoi.
J’aime ce mélange de souvenir dont chacun pourrait prêter à un chapitre entier, au même rythme que les flots de la mémoire lorsque l’insomnie frappe !
D’abord, j’aime beaucoup la photo. J’imagine que c’est l’autrice enfant dans le cadre. Peut-être chez sa grand-mère ?
Quant au texte, d’un monde, on saute dans un autre, avec juste quelques détails qui me transportent : « des têtes de cygnes aux yeux doux », « des manteaux parfumés jetés là », « réveils bouche sèche au fond des autocars étrangers »… Merci pour ce florilège de sensations.
Oui, c’est bien l’autrice enfant dans le cadre sur la table de chevet de sa grand-mère. Merci.