J’ai pas crié, pas respiré, pas démarré, pas embrayé, mais je me suis battue, j’ai toussé, hoqueté, craché, hoqueté encore, respiré enfin, je suis restée, puis j’ai dormi, dormi, tellement dormi qu’après huit jours, des glaires coincés, presque partie, de nouveau, me suis battue, ai toussé, hoqueté, craché, pleuré, j’ai respiré, j’étais ok. Je suis entrée dans la vie. J’ai dormi, pleuré, mangé. J’ai joué, rampé, marché, trébuché, suis tombée, me suis relevée, me suis couchée au sol, ai parlé au sol, me suis répandue au sol, en confidences. J’ai grandi, parlé, questionné, lu, beaucoup lu, dévoré, étudié. Je me suis conformée, ne me suis pas rebellée. J’ai suivi des chemins traditionnels. J’ai étudié, travaillé. J’ai construit une vie, ma vie, ce qui était notre vie. Je suis tombée, me suis relevée. J’ai transmis la vie, mis des vies au monde, j’ai aimé, pris soin, accompagné, éduqué, transmis, j’ai mis des vies dans le monde, j’ouvre les mains et laisse ces vies prendre leur envol dans le monde. J’ai accompagné une vie, celle qui m’a mise au monde et qui s’en est allée rejoindre l’autre côté du monde. Je reconstruis une vie, reconstruis ma vie, prends d’autres chemins, explore des itinéraires bis. Je lis, lis toujours, lis beaucoup, dévore, apprends, explore, accompagne, écris, transmets, crée. Je crée ma vie, ma vie dans ce monde.
Très très beau votre texte ,Catherine. La façon dont vous écrivez 50 ans ( ?) de vie est magnifique. Ça me touche énormément. Tous ces verbes et votre concision. Le titre aussi est parlant. Merci beaucoup. Tiens, je me l’imprime!
Merci beaucoup à vous !
Bien vu ! 54 dans quelques jours…
j’aime que ça commence par des négations puis l’entrée dans la vie qui se déploie de plus en plus, court mais dense!
Merci Catherine !