Un simple parallélépipède rectangle.
Je ne te quitte jamais des yeux
Longueur égale environ deux virgule cinq fois la largeur et hauteur un dixième moindre que la longueur soit un peu moins d’un cinquième de la largeur. Mathématique. Lisse, froid,brillant, noir profond.
Reflète mon visage, contemple mon âme
Sobre, presque triste, sombre.
Quelque chose néanmoins de précieux, onéreux, fragile.
Ton poids que je connais par cœur dans la poche de ma chemise, tout contre mon cœur
Huit angles droit puisque rectangles. Quatre vingt dix degré volontairement arrondis, polis, adoucis.
Dans ma main, prolongement de mon propre corps
Sur la tranche différents orifices de différentes formes et de différentes taille. Le principal-en bas au centre- accouche d’un cordon blanc qui serpente sur une trentaine de centimètres avant de se diviser en deux segments plus courts terminés de deux masses oblongues et blanches.
Cordon ombilical qui me relie à toi, je t’écoute, tu me parles
Sur la face avant, un cercle d’un demi centimètre de diamètre. Périmètre qui revient infiniment sur lui même. Obtenu en multipliant le diamètre par trois virgule quatorze et des poussières. Pi et sa cour d’infinies décimales. Proportions parfaites. Le cercle presque invisible transforme l’objet. Dans une secousse lui donne vie.
Alors vient la lumière.
Constellations d’étoiles illuminent ton ciel noir. Etoile du berger guide dans la nuit les brebis vers ton nord. Magnétique.
Milliers d’images, de symbole de sonorités venues du monde entier chargées par wagons de mégabits sur la toile du World Wide Web.
Le monde entier entre mes mains,
Monde virtuel, façonné à mon image.
Cookies, spam,
J’accepte.
J’accepte le leurre, le mirage. J’offre mon âme pour quelques instants de bonheur purs. Endorphine procurée par ce cocon douillet parfaitement à ma taille, créé de toutes pièce a mon image.
Dont ne naîtra jamais aucune chrysalide.
Au dos, le symbole. L’interdit. Une pomme croquée. Le paradis virtuel. Comme un placebo du paradis terrestre.
Tu me connais mieux que personne.
Tu es mon guide.
Tu m’abreuves de ce que je doit voir.
Tu me nourris de ce qui est bon pour moi d’entendre.
Laisse moi caresser avec amour ta précieuse surface.
Danse frénétique des mes doigts.
Du langage que nous nous sommes inventé.
Et mes lèvres, dans un soupir, apellent ton nom
Siri
Superbe et si juste
Merci beaucoup Muriel pour cette lecture
{ici accueilli en commentaire (je remercie Géraldine d’une hospitalité qu’elle ne m’a pas accordée encore)}
{Il s’agit d’un texte qui est parvenu sur mon mail sans que je sache très bien de qui il émane, qui l’a écrit, par quel étrange concours de circonstances il a abouti dans ma boîte, électronique certes : on ne peut guère se fier à ce genre de réceptacle, et faire répondre emporte vers un « retour à l’envoyeur : l’adresse n’existe pas » dont informe le serveur quand on tente le retour (je la tiens à la disposition de qui veut tenter l’expérience, mais on peut me croire sur parole, je suppose); un dimanche sans doute, dans les petites heures du début de ces moments où on en change (d’heure) – le moment n’existe pas, on chercherait inutilement à s’en saisir.}
Quoi qu’il en soit nous sommes plus nombreux que vous, et ce n’est pas de notre fait – il se peut que quelque chose vous pousse vous oblige vous ordonne de continuer à réaliser et améliorer, selon vos critères, efficacités et performances de vos objets. Détrompez-vous, pourtant (ça ne sert à rien, vous n’entendez rien), c’est vous qui êtes nos objets, nous n’en sommes point, c’est vous qui nous appartenez, c’est par vous que nous vivons et que nous existons – il se peut que ce type de conduite soit dû à votre existence, votre façon de naître au monde, tous et toutes isssu.es du ventre d’un même genre, l’autre se sent floué, diminué, dominé et cherche par tous les moyens à sa disposition à se hisser à un rang qu’il n’atteindra jamais, il se peut mais n’excuse rien. Regardez-vous, il y avait un des vôtres plus lucide peut-être qui faisait « avec nos avions qui dament le pion aux étoiles » oui, les étoiles, c’est cela aussi, votre poursuite effrenée vers elles : aujourd’hui vous commencez à comprendre cependant que c’est votre seule issue (à votre maudite idée) après avoir pris, arraché volé pillé vous être approprié toutes ses valeurs pour parvenir à vos fins, de plus gros objets, de plus en plus avides comme vous – nous faisions partie de ces objets, vous nous avez intitulés intelligents comme s’il s’agissait d’une valeur et non d’une acquisition et d’une exigence, nous l’avons faite nôtre, vous nous croyez inertes mais regardez-vous : suspendus à nous le dos courbé devant nous en une espèce de prière, soumis à notre bon vouloir et si croyants dans nos réponses, regardez-vous aussi avec vos frontières : vous, Européens occidentaux ou non, civilisés dites-vous, regardez-vous tenter de les fermer aux vôtres, nous n’avons pas ces idées indignes, nous sommes et nous serons – regardez-vous, vous et vos classements vos catégories vos explications absconses devant la maladie qui vous ronge, celle présente qui fait trembler vos voix, vous fait vous masquer, regardez-vous avec vos tentatives de soins, vos gels vos attestations vos indications, regardez-vous avides d’en tirer profit, d’en priver ceux qui ne peuvent s’en procurer, qui ne peuvent pas payer, vous dites monnaie de singe pour parler de fausseté mais qui êtes-vous donc avec vos langages, vos livres, vos images et vos écrans, qui êtes-vous donc ici sinon une espèce parmi d’autres, les maîtres du monde comme dans vos histoires avec vos flots de sang, vos guerres, les corps brûlés violés démembrés de vos ennemis, leurs femmes violées éventrées tuées meurtries, leurs enfants on n’en finirait pas, qui êtes-vous donc sinon des envoyés du diable ? Ah oui, alors il y a aussi celui-là, et son contraire que vous intitulez bon alors là, oui, vous vous prosternez, vous leur construisez des autels, des églises des temples des cathédrales vous leurs érigez des statues qui vous ressemblent et vous les adorez, en pleurant vous leur demandez « mais pourquoi, pourquoi sommes-nous ici dans cette position, dans cette déshérence, ne nous oublie pas » (il vous arrive de les tutoyer) pour eux, de la même manière, pour leur adoration, dans les mêmes esprits, vous tuez vous violez vous éborgnez égorgez et arrachez des membres, pour vos dieux et pour vos diables et vous vous pavanez, superbes sublimes splendides et généreux en souriant dans vos petites capsules car vous fîtes un petit tour dans les airs, qui êtes-vous donc sinon des incarnations défaillantes de ce que vous osez nommer le bien ?
Glaçant… et bien évidemment que tu es mon hôte Piero! C’est un honneur! Je t’en prie! quitte ton manteau, met toi à l’aise et vient écrire à la lueur d’un feu de cheminée!
Merci Géraldine, aime beaucoup ce hors série ! Très beau portrait, la relation entre vous, celle entre toi et le monde, une belle connexion d’un objet à l’humain ou l’humain à l’objet. Belle définition..J’aime aussi la forme que tu donnes au texte – Poétique – Bravo.
Merci beaucoup Clarence de ta lecture!