C’est une terre désolée, le vent y souffle fort et parfois, s’arrête durant ce qui peut sembler une éternité. Alors, le front se relève dans la capuche et l’œil se met en résonance. Où que le regard porte, il se heurte à l’absence. On arrive ici sans rien sauf, bien sur, un passé et l’on découvre une immensité n’abritant aucune rassurance. L’âme, très vite, s’efforce de construire. Ici, la résistance est toujours incertaine cependant que millénaire. C’est un pays qui ne connait pas l’avenir, tout y est trop occupé à lutter dans l’instant ; une brindille s’agite en tous sens contre un cailloux poli. On ne choisi pas de venir ici, la question du goût ne se pose donc pas. En redressant encore un peu la tête, on découvre que l’absence n’est cependant pas un vide. Le soleil danse dans un ruisseau bavard, un renard passe, ventre à terre, un aigle tourne, loin dans le ciel. La vie palpite sur les collines pelées, les longues plaines et les névés à l’ombre des valons en une exultation silencieuse, héroïque et pudique à la fois, en un poème muet qui fait vibrer, comme la peau d’un tambour, les parois de l’être. Ce n’est que le battement d’un cœur. Respirer, de toute la force de ses poumons ; prendre ainsi la mesure de l’espace et chercher son propre enracinement. La peur alors reflue un peu. Le ciel se dégage, la vue devient plus claire. Là ou l’on croyait qu’il n’y avait rien, on découvre qu’on ne voyait pas. Le renard apparaît tel qu’il va mourir, le ruisseau est un chant joyeux mais indifférent, l’aigle une fatalité. Mais peut être le renard échappera t’il, pour cette fois ? L’absolue précarité de l’être se laisse ici saisir, comme nulle part ailleurs. Elle semble d’abord s’offrir, comme une lecture nouvelle, puis elle vous touche du doigt et vous maintient captif dans une lumière crue ; ici, la nuit n’existe pas. On comprend que le vide n’est pas dehors mais dedans. On est seul. Alors la peur revient. Bien sur, il doit y avoir des habitants mais on ne les voit pas. On est toujours seul quand on arrive quelque part. C’est quand on s’habitue qu’on habite. Mais qui pourrait s’habituer ici ? Respirer, à haute voix. Les battements du cœur sont bien, ici, le seul ancrage. Faire un premier pas est essentiel, l’ankylose est mortelle, on doit se diriger vers soi, sans savoir dans quelle direction et si on y arrivera mais cette question non plus ne se pose pas. Il faut. Ou sinon, le renard. Mais le ruisseau aussi, alors on se met à chanter avec lui. La tête émerge complétement de la capuche, les poumons se dégagent. Le vide en soi, peu à peu se remplit. Ici commence le voyage.
Vraiment très beau ! merci !
Merci beaucoup Jeanne !
Tout l’air d’un voyage initiatique.
Très beau
Merci Huguette, ça y ressemble, oui. On verra ou François nous mènera de nous. 🙂
vaincre le vide et ouvrir… une arrivée/départ
Exactement, toujours cet aller retour.
Et bien on vous suit !…
Merci 🙂
Oui! bel et bien embarquée. Merci
Merci Irène 🙂
Tant de place pour tout dans ce vide si plein ! Prometteur. J’ai le bonnet, les grosses chaussures et les moufles, prête !
N’oublie pas un appareil photo 😉
Me sens bien dans cet univers: du paysage et de l’écriture…
Merci beaucoup Solange.
Cette solitude..
Battement de cœur en lisant et palpitations des créatures qui vivent là mais qu’on ne voit pas encore (surtout le renard…)
Décidément, je te suis…
Oui, ça vit drôlement fort dans ce désert ! 🙂
incroyable. en vous lisant je me reconnecte à mon propre texte et le vôtre y ouvre des portes, y creuse des chemins. Nos propos sont différents mais il y a un espace commun. je vais relire encore.