Deux tendons étirés sur l’épaule, un poids plus ou moins lourd mais encombrant dans un contenant fin comme une toile d’araignée, léger jusqu’à l’oublier, les coutures tendues, le tissu synthétique résistant, il endure et endure encore, toujours prêt à rendre service. On le nomme « sac à courses pliable », modeste héritier du filet à provisions, son audacieux inventeur a voulu le créer petit, serviable et indispensable avec pour devise :
« Je me dé-plie en quatre pour rendre service. »
Objet de son époque, il se glisse partout, au fond d’un sac façon poupée russe, d’une poche, au creux d’une main, discret, il se fait oublier et quand il se déplie, gonflé d’importance, on peut dire que l’affaire est dans le sac.
Toujours réservé, il se pare parfois de couleurs vives, de petits cœurs, d’animaux exotiques, et même de slogans publicitaires, ajoutant à son allure humble un côté tape-à-l’œil… il se veut indispensable et beau !
Vide, plein, vide, plein, il court toujours après des choses lourdes ou encombrantes, serait-ce une manière de donner du poids à son existence ?
Enfin arrive le moment où l’on vide son sac, moment de vérité absolue. Le rituel peut alors commencer. On l’étale sur la table et consciencieusement on suit les plis, on met les grandes anses bien au centre, on rabat les côtés sur le milieu, du plat de la main on lisse le tissu et d’un geste sûr on fait coïncider chaque rectangle millefeuilles sur le suivant et ainsi de suite jusqu’à arriver en haut, où miracle, une petite poche attend de même format, faite exprès pour contenir le contenant. C’est l’instant de ravissement qui touche à l’extase de se sentir utile… et apprécié.
Si l’on ne l’a pas encore dans son sac, il va nous manquer. Merci de ce texte en plis et replis. Savoureux
Voila ce qu’il me faut. merci
Merci pour ce déploiement d’égards pour le sac dans tous ses plis et replis. Il prend toute sa place et s’efface si la main prend le soin de le caresser dans le sens du pli.