Le bois. Sur le bois, des lignes, des traces, des filaments blancs qui s’échappent là où la fibre s’use. Parfois des rigoles sur le pourtour. Sur la planche, des légumes. Des oignons, de l’ail dont le parfum, longtemps, imbibe le bois. Des courgettes, des poivrons. Le bruit sec, chuinté, rythmique du couteau. Tchak Tchak Tchak. Échos de la cuisine, audible de toute la maison, audible peut-être du quartier tout entier, de la ville, qui sait ? Planche de forme rectangulaire souvent précédée d’un manche perforé au sein duquel une lanière est glissée pour faciliter le rangement. Tchak Tchak Tchak. Au dessus du bois, la main qui tranche. Le grincement de la table. Tchak Tchak Tchak. Le bruit gris du couteau électrique. Éminemment rustique, présente dans toutes les cuisines. Le frottement des lames qui pénètrent le rôti. Le jus qui s’écoule dans les rigoles. Sang et graisse. La planche. Les résidus blancs de la graisse coagulée. La graisse qui s’enfonce dans les rainures. Tchak Tchak Tchak. Planche à découper en bois antique – Plateau de hachage de cuisine – plateau de service – Ferme – Décoration à la maison – Décor rustique #4 84,28 €. L’odeur de cuisine, les bouffées de vapeur, se répandent dans toute la maison, dans tout le quartier, toute la ville, qui sait ? Les invités, tant d’invités. Petits tas de légumes déposés dans des coupelles puis versés dans la sauteuse. Tchak Tchak Tchak, les jours de pompe, les jours de disette. Au vingt-septième étage de la tour B : odeur de soupe. Sous le pont à côté de la voie ferrée : odeur de rôti. La main rougie au-dessus de la planche, par la vaisselle, la cuisine, le jus. Peau de la main qui chauffe et qui tiraille. Ancienne Grande Planche A Decouper En Bois Billot Cuisine Bistrot Vintage39,95 EUR 6,00 EUR de frais de livraison Suivi par 11 personnes Dans le métro, les passagers oscillent en salivant, les passagers salivent en oscillant. Tchak Tchak Tchak. Ça et là, les pépins de tomate adhèrent au bois. Tchak Tchak Tchak. Une pomme de terre, un oignon, deux carottes. Le potage du soir. Sans appétit. La lumière jaune sur la planche, l’abat-jour de porcelaine, et la toile cirée intacte. Tchak Tchak Tchak, les mouvements moins adroits. La coupure et l’index que l’on suçote. Ça ne gicle pas pourtant, pas assez pour s’écouler dans la rigole. La fibre du bois qui tient, contient, absorbe quelques gouttes. La soif du bois. Tchak Tchak Tchak. La vigueur en allée. Et la planche qui gonfle à chaque nouveau choc. Cette teinte étrange qu’elle prend parfois. Le corps qui tient à peine et la main décharnée. Puis la fragmentation. Tchak… Tchak… Corps charpie et rondelle, s’effondre en petit tas. Dans la lumière jaune, sous l’abat-jour de porcelaine, bruit sec de la chute, membres dominos, glissent au sol comme dans une sauteuse. Sur toute la surface de la table, la planche, gonflée, énorme, gorgée de jus, repue de sang, aussi de graisse. Ancienne planche à découper avec 4 crochets saucissons en bois et fer – art popu 26,00 EUR0 enchères 7,00 EUR de frais de livraison Se termine à 13 sept. à 19:34 Paris7 j 22 h point de retrait disponible
La planche vivante et centrale dans la cuisine, les cuisines… les odeurs, textures, sensations, gestes, tout y est. J’aime aussi les ruptures d’annonces.
Merci, la planche vivante, centrale, vorace vorace!
Une vraie ogresse cette planche ! J’aime le rythme. Je retrouve le plaisir d’un bon couteau sur les aliments à couper. Et ça résonne de partout. Merci.
Et oui, elle s’est mis à tout dévorer, je n’y peux rien, ça finit toujours comme ça depuis le début de l’atelier dans tous les textes, sans que je l’aie prévu, merci de ton passage en ces lieux dangereux!
j’aime beaucoup le passage imperceptible qui s’opère vers la fin du texte et nous fais basculer dans une sorte d’horreur absurde, très réussi !
Merci, oui l’horreur absurde, à creuser à creuser car je crois que je l’aime bien, et que j’y fonce naturellement