Hors sujet…

Celle qui n’est pas née mais qu’il a fallu pousser hors de soi son corps inerte qui n’était plus concerné par voir le jour ni pousser un cri / celle qui son corps grand assez de six mois de fabrication au-dedans pour avoir droit à un cercueil blanc / celle qui enterrée sans un regard de sa mère qui refuse de la voir / celle sans nom sur la pierre tombale / celle qu’on naît après elle / celle qu’on ne remplace pas / celle grande sœur qu’on n’aura pas / celle qui en vie aurait effacé celle d’après, certains parents le disent d’autres le taisent / celle qui ne portera pas les brassières tricotées, ne dormira pas dans le landau neuf et tout sera donné / celle qui portera sans le savoir les brassières offertes et dormira dans le landau acheté pour une autre l’a-t-elle aperçue dans ses rêves / celle qui naît et il n’y a rien pour la vêtir / celle qui que seulement de naître elle réconcilie et que mêmes ceux à qui on ne parlait plus ils arrivent / celle qui d’abord et les autres seulement après et c’est des années d’amour en plus  on dit / celle qui glisse entre les jambes et la mère dit qu’il faut demander au curé ce que l’on doit en faire / celle qui ou celui qui  parce qu’on ne saura jamais si fille ou garçon installé en cachette et personne n’en sait rien à tenir deux mois et c’est pour rien à cause de sa mère qui n’ose pas dire non / celui qui aux allures de kamikaze pour s’implanter puis perd l’envie, reste en place sans s’incarner et il faut tout gratter au-dedans / ceux dont seules les mères connaissent l’âge qu’ils auraient si… / ceux que les naissances ultérieures ne suppriment pas, ne remplacent pas, ne compensent pas et avant eux tous les mort-nés, les comptant pour du beurre et pas le droit d’être baptisés, tombés ou arrachés avant d’être nés, vous aurez existé dans les mémoires de ces ventres réduits au silence jusqu’à ce que eux enterrés.