Des pas résonnent sur les pavés luisants de pluie, reflets des réverbères, lueurs étranges, feux follets allumés dans la chambre noire de la mémoire, bribes de souvenirs, la vie s’apprend dans les rues de la ville, le nez en l’air mais l’horizon n’est pas vaste, le regard est sans cesse ramené au ras du sol, des mondes se côtoient, silhouettes qui se frôlent sur les trottoirs, glissement des voitures sur la chaussée, chuintement des roues de bicyclettes, éclaboussures (l’eau des caniveaux glougloute le long de la bordure qui sépare le trottoir de la chaussée), noirceur de l’asphalte, surface argentée d’une flaque étalée comme un lac, profondeur vertigineuse des soubassements de la ville, facéties lumineuses des enseignes commerciales (on dirait qu’elles lancent des clins d’œil), les gouttes de pluie s’élargissent en tombant sur le sol, le pied glisse sur une pierre bleue (carrée) ou sur une plaque d’égout toute ronde, les initiales (GDF) ou les motifs géométriques gravés à la surface en font des énigmes à déchiffrer, le monde est à découvrir, des flots de sensations submergent la conscience…
Ce bruit au loin, comme un roulement de tambour ou le grondement d’un orage, l’homme l’a identifié et se sent envahi par un immense désespoir… tout ça pour ça, toutes ces souffrances endurées pour que plus jamais ça, et cela qui recommençait!… le bruit sourd et régulier s’amplifiait, montait de la chaussée, lancinant et puissant, le bruit de mille pas qui martelaient le sol, comme la foule des carnavals de son enfance, rassemblée en rangs serrés et virevoltant avec des mouvements de vagues!… il entendait enfler le mugissement de la houle et retenait son souffle, commençait à distinguer le moutonnement des colonnes de soldats qui battaient le pavé en entrant dans la ville, aurait voulu disparaître sous terre auprès de ses camarades de combat ensevelis dans les tranchées, mais le bruit des bottes se rapprochait, le sol vibrait au rythme du pas de l’oie…
La terre molle sur les chemins de traverse, l’herbe fraîche sur la pente d’un talus, la gaieté colorée des petites fleurs sauvages éparpillées dans les champs, la légèreté de l’air en accord avec le coeur innocent, la rêverie d’un enfant, et puis des pas gluants dans la boue, un sol gorgé de larmes alimentées par un chagrin, une douleur infinie…
Sol truffé de douilles entre lesquelles grouillent des vers de terre, double provision, pour la pêche et pour le revendeur de métaux…
Terre sèche, terre aride, terre brûlée, terre épuisée, terre hostile, terre hors sol, terre abattue, terre hébétée, terre sans nom, terre sans ressources, terre sans vivants, terre sans oiseaux, sans poissons, sans animaux, sans pinsons, sans oisillons, sans écureuils, sans chevreuils, sans toi, sans moi, sans nous, sans nos semblables, sans rêves, sans poèmes, sans amour, sans tendresse!… Terre, vue de la lune, entourée de sombres poussières… le ciel endeuillé la pleure, les étoiles sanglotent!…
La petite balle du Jokari rebondit avec un bruit mat sur le sol en terre battue de la rue, les pieds de la joueuse dansent autour du socle pour la rattraper et la relancer avec une raquette de bois plein, l’élastique s’étire en décrivant des orbes d’un bout à l’autre de l’espace dévolu au jeu, l’adresse de la joueuse donne une impulsion décisive à la trajectoire de la balle ronde comme un astre, l’enfant se sent presque l’égale de Dieu…
pas compris, c’est un extrait de livre publié ou une contribution à l’atelier ?
Ce n’est pas un extrait mais une contribution à l’atelier, et le dernier paragraphe m’est venu spontanément puisque ce jeu se pratiquait sur un sol de mon enfance (terre battue). Je vais enlever la photo pour éviter la confusion.
d’ac, oui, il faut par contre qu’on inaugure dans le forum un partage vers les publications de chacun.e…
encore une belle collection de sensations et de sols bien sûr comme supports
… J’ai voulu modifier la disposition en paragraphes de mon texte, la page a encore buggé (je ne le fais pas exprès 😔!) et je n’ai plus accès à elle côté rédacteur alors qu’elle est toujours visible côté lecteur…
Bonjour,
Avez-vous toujours accès à votre interface d’administration ?
Si oui, allez à votre administration, regardez la colonne à gauche. Choisissez « Articles / Tous les articles » et normalement votre article apparait dans la liste
Sinon, connectez-vous avec « connexion administration » qui se trouve dans la colonne de droite.
ça n’a pas marché ce que disait Ista ?
Oui et non, mon article apparaît bien dans la liste et il reste visible pour le lecteur, le problème est que je ne peux plus le modifier quand je l’ouvre en tant que rédactrice parce que la page reste blanche…