On l’entend là, juste dans la pièce à côté. Sa voix est chaleureuse, plutôt grave. Je le sais qu’il est musicien, il joue de la trompette. Cette voix m’apaise, chaude, posée et peu démonstrative, bleu azur elle semble, attentive toujours. Pas très forte, il n’a pas besoin mais son rire éclatant tout à coup, c’est bien une voix de stentor aussi. Pas monotone : «Tu sais comment ils sont les enfants» n’est pas une interrogation, mais une affirmation, cette phrase courte descendante sur le mot enfant. Brèves ses phrases, précises, pas le temps, vite dit, vite fait. Il est avec son grand fils et parlent musique, un titre de morceau est venu, et là, il le solfie en chantant de mémoire, à toute vitesse, fa fa mi, do re mi fa, fa ré do, sol la sol fa sib la, fa sol la sib sol …sa voix assourdie fredonne. Et à cet instant, je pense à ce spectacle pour enfants vu récemment, quatre mono-roues électriques tournoyant pirouettant ou faisant du surplace accompagnés de voix puissantes et instruments de jonglage et musiques diverses et on entend une trompette très bluesy, il me faudra cinq minutes pour comprendre que l’un des acrobates de « Les acrostiches » rend ce son de trompette juste avec sa voix et pinçant ses lèvres. Très prenant, émouvant. :« Séduire par sa voix, c’est créer un rayonnement qui vient de l’intérieur » (Jean Abitbol, phoniatre et chirurgien cervico facial.