C’est une de ces voix qui se perdent dans les foules, une voix moyenne, qui s’évapore dans les bars. Combien de fois répétée dans une journée. Combien de fois la brume sur les cordes vocales, l’éraillement léger de rester dans la gorge, le bourdonnement de cogner sur les dents. Les voyelles s’entremêlent dans l’arrondi de la bouche. Les mots semblent coincés dedans. Les fins de phrases s’étiolent, disparaissent. Ont-elles jamais été prononcées ?
Il n’y a qu’en kimono qu’elle se montre, cette voix. Sur le tatami. Là, elle prend appui dans le sol, dans les cuisses, dans les tripes, ses syllabes sont coupées au couteau, son timbre est ferme, sûr et ne souffre aucun doute. On lui obéit.
Tissu de résonnance, ce costume, ce croisé rêche sur la poitrine. Le nœud serré lui donne de l’air, borde le volume. Le souffle est propulsé directement depuis le diaphragme. Les lèvres ne peuvent plus faire obstacle. Pourtant, la voix n’est ni explosive, ni jetée aux pieds, c’est en habit qu’elle se révèle. Libérée des graviers, puissante, elle devient impossible à ignorer.
Je m'interroge sur la pertinence de conserver le deuxième paragraphe...
J'ai laissé reposer et tenté de suivre le conseil de FB pour étoffer cette voix en costume. Je trouve que le mouvement d'habillement/dévoilement lui donne effectivement plus de corps.
une solution en écrivant un 3ème § pour faire triptyque, et qui mettrait le kimono en relief ?
Merci François. ça m’a tourné un moment dans la tête avant de prendre forme, mais ça valait la peine de l’habiller un peu mieux cette voix. Je trouvais que ça tombait à plat. J’aurais coupé mais je n’aurais pas pensé à étoffer.
« combien d fois la brume dans les cordes vocales » image forte pour cette fois presque sans voix
Merci Nathalie