Ensemble, jetons les objets au sol et regardons les tomber, prenons le temps de la chute, attendons là un instant, accueillons la pesanteur de nos impératifs comme un rebond nécessaire.
Ensemble, tombons à tour de rôle, jouons un double jeu, celui du corps qui devance l’esprit et engramme la chute des vivants de la haine d’un seul. Ressentons la détresse d’une âme humaine arrachée au temps, sentons la naître au centre et se propager en périphérie d’une peur viscérale.
Ensemble, ayons peur pour nos lendemains et n’oublions pas les gestes du quotidien, ceux du soin et de l’attention aux autres et à soi-même.
Ensemble, posons des actes comme des graines à l’arrivée du printemps, n’ajoutons pas à la haine, gardons-la au creux de nous-mêmes, faisons-lui une belle place au dedans qu’elle n’aille plus se déployer au dehors.
Ensemble, sautons en rythme, chantons en cœur même s’il n’y est pas, efforçons-nous de faire sourire les enfants, faisons un cercle bien fermé le temps de se retrouver et restons là en silence, luttons pour le peu qui reste et appelle nos gestes de tous les jours.
Ensemble, lançons toujours plus loin ce pas qui emporte les idées noires à la terre qui nous tient.