non mais rassure-toi oui rassure-toi tout va bien se passer allez rassure-toi tout va bien aller recouvre ça va passer allez étends ça va finir par s’effacer de toute façon ça ne peut pas aller plus mal répands tes grains rassure-toi allez de toute façon tout tourbillonne et finit par s’échouer sur les vallées sur tes grains les grains bloquent les fragments que les hommes assemblent en curieuses machines blocs de fers elles rampent sur tes grains s’envolent en tempête oui oui rassure-toi tout va bien se passer allez fais-moi un beau désert allez un désert de sable tout un désert tu sais tu sais recouvrir avec légèreté rassure-toi c’est pas grave être mouvant il faut en rire rassure-toi il y a pire imagine que ce soit bâti sur du sable toute une civilisation enfouie dans le sable il y a plus grave que la ruine il y a l’effacement de la trace de nos doigts dans tes grains et d’un souffle pulvérise les grains en poussière, trace de nos pas évanouis traces éteintes en cendres alors rassure-toi ça ne peut qu’aller mieux
rien pour toi rien de spécial attends-toi à rien attends-moi attendez attendez-vous à rien attendez-vous à rien attendez attendez encore un peu attendez encore un peu que je vous dise il ne faut plus s’attendre à rien oui il ne faut plus attendre il ne faut plus que tu attendes il ne faut plus attendre n’espère rien vous vous n’espérez plus rien n’espérez plus résignez-vous résignez-vous vous ne résistez à rien ne résistez plus ne résistez pas écoutez le son de ma voix écoutez ma voix votre corps est lourd votre corps s’alourdit votre tête est lourde ne résistez plus vous avez sommeil à présent vous dormez dormez dormez maintenant – dehors le fracas obscène du monde épuisé se déchire
allez pousse-toi sur l’abris bus ∞ pousse-toi sur le verre ∞ pousse-toi de là en bas rideau de fer du kebab ∞ non sur le sens interdit ∞ mais t’as pas compris sur le panneau de vote ∞ tu piges pas près d’une boîte aux lettres ∞ pousse-toi que je prenne ta place sur le mur de la place ∞ mais pousse-toi sur la vitre de la voiture ∞ c’est tout sur le transformateur électrique à haute tension ∞ moi ce que je veux c’est ta place dans l’ascenseur ∞ ta place c’est tout ce que je veux sur le mur du parking ∞ toi tu te casses en rouge sur un mur blanc ∞ tu te casses au milieu d’autres graffiti ∞ fais ce que je te dis au fond des toilettes ∞ casse-toi ou sur la banderole ∞ oui je te fais une crasse dans l’entrée de l’immeuble ∞ oui je suis dégueulasse sur la porte de wc ∞ oui ma tronche ma balafre à côté du miroir ∞ mais toi casse-toi ou je vais te bouffer en petit illisible ∞ dégage en gros sur la vitrine ∞ débarrasse-nous de toi ou on va te bouffer sur un pylône ∞ on va te faire du mal sur un mur en gros ∞ on ne veut plus voir ta gueule à la bombe rouge sur un mur clair ∞ allez dégage sous un pont ∞ allez allez bouge sur un panneau ∞ mais bouge en bas des escalier ∞ mais bouge-toi sur le mur du square
prends tes responsabilités prends prends tes responsabilités prends-les tes responsabilités tu vas les prendre tes responsabilités à pleine main, prends tes responsabilités sur les bras ou dans ta tête prends prends tes responsabilités je peux pas le faire à ta place prends-les prends tes responsabilités sur tes genoux fais à dada avec prends-les avec tes pieds, mais prends-les et tu ne sais pas, tu vas voir, tu vas les prendre tu vas prendre tes responsabilités maintenant tout de suite tes grandes responsabilités comme un grand, tes lourdes responsabilités sur ton dos bien chargé bien courbé avec tes responsabilités qui craquent sur tes os, tes responsabilités qui s’enfoncent dans ta chair rougie ça coule du sang des responsabilités elles coulent sur tes vêtements la sueur sent les responsabilités à plein nez avec ce goût amer et saignant de fer
reste derrière cache-toi reste en derrière cache-toi planque-toi reste derrière simule dissimule-toi et arrête de respirer camoufle-toi reste derrière dissimule simule enfonce-toi ça dans le crâne cache-toi et toi reste-là cache-toi soigne toi reste planqué couche-toi cache-toi reste allonger plaque-toi au sol reste sans bouger ne moufte pas plaque-toi immobilise-toi les bras le long de ton corps ne bouge pas ne respire plus reste les bras le long de ton corps là ne bouge pas bordel ne bouge plus et plus un bruit ne bouge pas laisse-toi glisser sur le sol
des textes jouissifs à dire à voix haute, merci
Merci beaucoup Cécile.
Je les ai, c’est vrai, écrits à haute voix !
l’ordre des blocs – me semble-t-il – pourrait se moduler s’interchanger s’inverser s’imbriquer jouer glisser… et le passage à l’oralité – une lecture plurielle – à plusieurs voix – permettrait ces glissements – ce « fracas obscène du monde »
une proposition dans chaque paragraphe finalement, à lire dans l’ordre ou le désordre
on sent que quelque chose se dit là, quelque chose qui se fait et qui lâche tout…
On l’entend tellement ce texte. Sa lancinance dans le réel. J’aime beaucoup.