objet de petite taille donc de peu d’encombrement qu’on peut facilement cacher dans la main et qui accompagne le crayon de bois ou crayon à papier ou crayon à mine de plomb qui en fait est en graphite crayon tout court qui laisse des traces plus ou moins noires selon le numéro marqué sur le corps qu’on tient entre les doigts et personnellement je n’utilise que des numéros gras et même très gras pour avoir l’impression sans doute de fixer les mots plus profondément dans la page et même inexorablement objet plutôt mou de forme rectangle aux arêtes arrondies et bord en biseau parfois de forme carrée et parfois petit cylindre dans une virole à l’extrémité du crayon pour ne pas avoir à le chercher de tous les côtés et pour ce qui est de sa couleur souvent blanc cassé mais aussi parfois en deux couleurs différentes par exemple rose et bleu avec le côté rose pour les choses écrites au crayon à papier et le côté bleu pour celles écrites à l’encre donc chargé en pierre ponce mais il faut bien dire que ça ne marche pas si bien que ça il reste toujours des marques quoi qu’on fasse car le gras du crayon se répand c’est énervant on frotte plus fort et alors le papier se froisse même en faisant attention surtout si c’est écrit en très gras du 6B ou 7B par exemple et pour ce qui est des mots à l’encre c’est pire on peut aller jusqu’à abîmer les fibres de cellulose déchirer trouer et là c’est fichu il faut tout réécrire mais c’est vrai qu’avec les écrans d’ordinateur ce genre de désagréments n’arrivent plus enfin tout de même c’est énervant on se demande finalement à quoi il sert cet objet qu’on cherche tout le temps car doué d’une étonnante capacité à disparaître et oui une conséquence directe de sa matière composée de caoutchouc d’huile végétale et d’abrasif oui mais légère en même temps et un peu élastique si bien qu’on a envie de mordre dedans et même de la manger une fois j’ai vu mon chat qui découvrait la nature étrange de ma gomme gum gom s’agaçait la mordillait avait bien envie de lui faire son affaire comme il aurait croqué une gourmandise et s’il avait le malheur de lâcher prise elle rebondissait et disparaissait énervant quand même cet objet qui saute sur les surfaces dures et a le chic de s’évanouir dans la nature énervant de le chercher partout gomme gum gom j’en ai rêvé la nuit dernière et si j’écris maintenant des mots à son propos c’est que je ne l’ai pas retrouvé mon objet à gommer à faire disparaître les mots et peut-être que c’est bien mieux comme ça puisqu’une fois effacés supprimés éradiqués de la surface blanche ils ne se recomposeront plus jamais de la même façon
Codicille : en tête depuis un bon moment, cette phrase sans début ni fin... j'ai rêvé d'elle -- c'est vrai -- et il m'a fallu un peu de temps, ça bondissait à droite à gauche, ça marmonnait, se retirait, puis m'assaillait à nouveau, alors comment caler tout ça dans un seul élan ?
j’aime le parti pris de la phrase unique et de la ponctuation effacée, corrélation entre objet et écriture
Oh merci Cécile ! vous êtes aux aguets et m’avez prise au vol !!
oui, j’avais envie d’écrire un deuxième texte OBJET, il me tarabustait depuis un petit moment et je ne parvenais pas à le poser… et apparemment ça fonctionne !
merci Cécile pour cet écho
Beau texte bloc !
Merci pour cette gomme d’écriture.
oui oui Fil, un texte bloc blog !
difficile à poser mais c’est fait, je l’avais dans ma tête et il suffisait de…
enfin on sait ce que ça demande et après on efface tout et on recommence…
votre texte est tout autant rebondissant bravo.
merci de rebondir vers moi ! et ainsi m’offrir l’occasion de vous connaître…
ah oui j’aime bien ce parti-pris du constat, des difficultés de cet artisanat humble qui consiste à gommer un trait gras : au plus près de la matérialité de ces objets.
parler d’un objet à travers sa fonction plus ou moins bien remplie…
oui, je me voyais en train de m’acharner sur une page de cahier d’écolier pour effacer et puis tout déchirer… je me souviens…
Merci Bruno pour ton passage…
et quand on préfère le très peu gras au delà du HB pour que ça se grave l’objet ne répand pas le gras bien entendu mais n’enlève pas le mot gravé dans les fibres du papier… si on l’a trouvé l’objet qui en effet a forte tendance à fuir se cacher
mais oui, l’empreinte aussi à jamais fixée — surtout avec mine dure bien sûr –, empreinte impossible à « gommer », dessin en creux relié au sens du mot lui-même
merci Brigitte pour cette présence fidèle…
Sans te connaître, je sentais que tu utilisais des crayons gras, moi qui ne savais jamais lequel choisir (quand je dessinais), mais la gomme, vraiment ?
ah ah le gras, le crayon gras, cette impression de mieux affirmer les mots, de mieux les arrimer au réel
et la gomme ? à vrai dire on s’en sert bien peu…
Duel crayon-gomme, combat singulier ou belle rencontre .
des sensations très proches
une description juste
un mouvement inexorable d’effacement et d’invention
Tu me touches, amie H, je cherchais en effet le mouvement entre le faire et le défaire, entre l’écrire et l’effacer…
d’où cette forme nue
allez, on continue ! ensemble…