Mes fesses heurtirent celles de l’époque. On m’enterrera sous une autre époque que celle sur laquelle tout à l’heure je fus née. Mes mains ont cherché le visage de ma mère, le trou dans la vitre. Sur les tables à langer officielles ou de fortune, aire d’autoroute, lit d’invité, et pour que ne criât plus ma bouche qui criait, son nez a lu mon front de droite à gauche, de gauche à droite, comme une langue s’indécise. Trente ans durèrent trente ans. Mes bras prennent des bras dans leurs bras le soir, quand la lune prend le ciel. Il y a quelqu’un, précis comme un miracle, entre la lourde vitre du monde et le long trou du moi. Ma mort aura bientôt étalé et rapproché ses dizaines. Il y a les époques pour s’à peine entamer pendant la précédente et les miracles pour tardivement qu’on les attende. Les mondes quant à eux, et les fins de mondes, sont de très grands prématurés. J’attends ensemble la fin de la fin du monde. J’écris pas, j’écris j’écris pas.
Quelle première phrase! Et les suivantes! Superbe!
Merci beaucoup Christine! J’ai aussi lu, et beaucoup aimé, ton vagissement parmi silence. à bientôt!
Je trouve ce texte magnifique.
Je suis allée voir un peu vos vidéos, réalisées depuis votre résidence à la maison Louis Guilloux de Saint- Brieuc… Je travaille tout près, c’est amusant de retrouver des images de cette ville accompagnées de votre regard singulier.
Je vous suis reconnaissante, merci d’avoir pris le temps de ce retour bienveillant. J’ai beaucoup aimé les jours briochins, à la Maison Louis Guilloux, entre loin de la mer et bas du ciel de février. Belle suite d’été!
« Il y a quelqu’un, précis comme un miracle, entre la lourde vitre du monde et le long trou du moi ». Quelle phrase !
c’est curieux, j’ai lu au hasard sans avoir vu que c’était vous qui aviez écrit et cela m’a permis de redécouvrir sous un autre coté. il faudrait lire en aveugle comme du vin pour mieux le déguster un texte tel qu’il est, sans se préoccuper de l’étiquette et sans préjugés (même positifs) comme si c’était le premier qu’on lisait.
Ahlala la mère = le trou dans la vitre… comme c’est juste, je cherchais justement ce qui pourrait dire ce lien, et ben rien trouvé et pouf ! Milène : le trou dans la vitre ! et bien sur parachevé par ce long trou du moi… You kill me, Milène !