Écrire était un geste
Écrire est un geste qu’on nous apprend, un geste qui n’a rien de naturel, qui demande une gestuelle précise. Apprendre à écrire est long et difficile pour un enfant, presque douloureux pour le corps. Ce geste de transmission et d’enregistrement d’une pensée (simple ou complexe) peut être réalisé avec des moyens rustiques (craie, fusain, etc.) Cet « écrire » d’abord réservée aux élites, c’est popularisé en évoluant techniquement. Il est aujourd’hui associé à la fabrication de la pensée, comme si, sans l’écrit, le développement ou la transmission de celle-ci n’existerait pas. Mais on peut imaginer que dans un avenir proche l’écriture disparaisse, que la pensée (de l’artiste, du citoyen ou du scientifique) utilisera un autre chemin, plus direct que le langage continuera lui d’exister, mais sans avoir à passer par cette gymnastique des mains. Si on imagine cela, alors les écrivains devront travailler avec ces nouveaux procédés, et fabriquer des récits, tout en travaillant la langue, sans les voir retranscrits en lettres et en mots, mais peut-être en son (parole), en image et en sensations. Le portraitiste de la renaissance a laissé sa place aux photographes, et la peinture « artistique » s’est développée, une peinture « pour l’art » est apparue, demain « l’écriture » laissera peut-être sa place à une autre pratique humaine, plus performante. Si demain ces outils plus performants existent, quel sera le rôle de l’écriture « avec nos mains » ?
Qu’est-ce que gagnera ou perdra notre pensée en perdant cette gymnastique qu’est l’écriture (cette sauvegarde immédiate qui nous ralentit et souvent nous oblige à des arrêts).
L’envoi de photos par message, comme le fait Instagram (pourquoi écrire quand on peut montrer) n’est-il pas le début de ce changement, et demain si l’envoi d’une vidéo courte se simplifie, pourquoi écrire quand on pourra dire et montrer ?
Aujourd’hui j’écris encore à la main dans des cahiers, je recopie des phrases ou des paragraphes que j’ai aimés, je le fais pour conserver une trace de mes lectures, mais il m’est arrivé quelquefois d’écrire pendant des heures, jusqu’à ce que mon dos couine, j’essaie alors d’être un bon élève appliqué, et donc de subir cette punition qu’est l’écriture pendant un long moment, il y a dans ma pratique de l’écriture manuscrite cet écho malsain qui vient de la première année de ma scolarité. Malgré le temps, j’essaie d’écrire de mon mieux, pas pour moi, mais pour éviter la punition, donc je me punis pour ne pas être puni. Si demain, l’apprentissage de l’écriture disparaissait des écoles au profit d’un autre moyen de communication, ce serait une belle journée.
Comment séparer l’écriture, de l’intention qui l’anime. L’écriture de l’ « écrivain » est trop souvent un regard dans le rétroviseur, un ressassement ( comme je l’ai fait au-dessus), il y aura peut-être demain un « art » du présent et du futur, un art participatif, où l’autre (celui à qui est adressé le récit) agira sur le récit, ou les autres influeront sur ce qui se dit, un temps où l’on passera du récit monologue au récit dialogue, ou il sera aujourd’hui ou demain. Les arts anciens, la littérature, la musique, etc., sont emmurés dans le passé, les textes classiques deviennent des reliques, l’acte de création est vu comme un acte divin et solitaire (ce qu’il n’est jamais), un acte touchant au sacré que des fanatiques défendent bec et ongles. Il faudra de nouveaux outils pour y ouvrir des fenêtres et que le vent balaie toute cette poussière. La prochaine fois que j’écrirai, j’essaierai de ne pas regarder dans le rétroviseur, mais d’imaginer ce qu’il y a après la ligne d’horizon.
J’ai interrogé ChatGpt sur l’avenir de l’écriture, voici sa réponse :
ChatGPT
L’avenir de l’écriture est probablement un mélange fascinant de tradition et de technologie. Voici quelques tendances possibles :
Numérisation accrue : L’écriture continuera de migrer vers des plateformes numériques. Les gens écrivent déjà énormément sur des appareils électroniques, que ce soit par le biais de courriels, de messages texte, de blogs, de médias sociaux, etc. Cette tendance devrait se poursuivre, avec des implications pour la manière dont nous interagissons avec l’écriture et dont nous la consommons.
Intégration de la technologie : Les avancées dans le domaine de l’intelligence artificielle et du traitement du langage naturel pourraient changer la façon dont nous écrivons. Des outils tels que les correcteurs orthographiques et grammaticaux intelligents, les assistants d’écriture basés sur l’IA et les générateurs de contenu automatisés pourraient devenir plus sophistiqués et plus répandus.
Multimodalité : L’écriture pourrait devenir de plus en plus multimodale, intégrant des éléments visuels, auditifs et interactifs. Des formats hybrides mêlant texte, images, audio et vidéo pourraient devenir courants, offrant des expériences d’écriture plus riches et plus engageantes.
Personnalisation et collaboration : Les outils de création de contenu pourraient devenir plus personnalisés et adaptatifs, permettant aux auteurs de mieux personnaliser leur écriture en fonction des besoins et des préférences de leur public. De plus, la collaboration en temps réel sur des documents écrits devrait se développer, facilitée par des outils de travail collaboratif en ligne.
Durabilité et conservation : Alors que nous continuons à prendre conscience de l’impact environnemental de nos activités, nous pourrions voir des efforts accrus pour développer des solutions d’écriture durables, telles que des alternatives écologiques au papier et des pratiques de publication numérique plus respectueuses de l’environnement. De plus, la conservation numérique des écrits historiques et contemporains deviendra de plus en plus importante pour préserver notre patrimoine culturel et intellectuel.
En résumé, l’écriture continuera d’évoluer en réponse aux avancées technologiques, aux besoins changeants des utilisateurs et aux évolutions sociétales. Elle restera un outil puissant de communication, d’expression et de préservation des connaissances dans un monde en constante mutation.
« donc je me punis pour ne pas être puni »
une réalité intemporelle, merci
une petite vérité qui n’est pas semble-t-il dans le corpus de Chat GPT, écrire à la main restera comme plus économique et ne nécessitant aucun outillage (à la rigueur on peut tracer des lettres avec un doigt nu)
pardon, j’oubliais et aurais dû le mettre en tête, … belle méditation
C’est vrai, mais on préfère faire des photos avec nos téléphones sue des croquis