D’abord il y a le désir, ou le besoin, puis l’élan. Écrire c’est aller vers, à la rencontre, c’est traverser et se laisser traverser par les mots, grossis dans les veines, une vibration, un battement. Cette perfusion qui naît, vit en mouvements saccadés, staccato sur le clavier, les mots tactiles au bout des doigts.
Écrire c’est se mouvoir, le visage se dirige, l’œil palpite, es bras relâchés mais dans une tension intense de l’avant-bras, le coude articule la pensée qui parcourt l’espace depuis l’os du radius. L’attache du poignet ne tremble pas, et si seulement deux doigts actifs, les autres ne restent pas immobiles.Tu vois le geste d’écrire depuis l’épaule jusqu’à la pointe des ongles, la synergie du geste, et le son sur les touches qui y répond, clac-clac-clac. Quand le silence survient ce sont mots en suspens, soulevés juste au-dessus, fébriles, avant de retomber lettre après lettre sur l’écran, rapides, dansés, leur délicatesse, leur subtilité, clac-clac-clac.
La percussion des mots se fait silencieuse sur le smartphone mais alors écrire c’est marcher, écrire c’est parler. C’est parler en marchant et l’enregistreur capte les mots qui de la bouche montent en puissance et en souffle, arrondis ou tombés secs au rythme des pas. Ils suivent la cadence des poumons, la raréfaction du flux, le phrasé se prononce vif, les mots remplacent l’air dans la respiration qui s’accélère, expulsés comme un chant, une pulsion.
Je n’ai plus rien à écrire, tu as tout dit du ressenti, de ce que j’aurais pu évoquer et c’est tellement bien en plus d’être juste. Trouvé tout écrit, ce qui vibrait au-dedans, un délice. Merci, Perle, de toutes ces évocations.
L’élan, aller vers, l’écriture en mouvement, on vous sent animée, oui, oui !
« le coude articule la pensée qui parcourt l’espace depuis l’os du radius. « .. tout est aussi beau