Le couteau et sept petits bonnets ; leurs gorges tranchées.
le sang sur la dalle, le poulet court sans tête ; le poulet sans tête et la nappe est vichy ou blanche : « Heureux c’était son nom »
Quand ça ne suffit pas il prend le brancard et frappe la jument : C’est mon bien ! il crie, et, lancé à tour de bras, le brancard s’abat sur le dos de la jument. Le choc résonne sourdement : Fouettez-la, mais fouettez-la donc!
Les seins d’Agathe et les tenailles de l’icône
la mouche dans la bouche de la morte; la guêpe dans celle de l’enfant ; les doigts raccourcis à la hache ;
L’odeur des bêtes : elles passent; la rigole de sang sous le haut porche, l’odeur du sang quand il passe
En page des « Larmes » le corps démembré au pilori : »Ce cliché eut un rôle décisif dans ma vie. Je n’ai pas cessé d’être obsédé par cette image de la douleur, à la fois extatique (?) et intolérable. J’imagine … »
Bereck Kofman le père battu à coups de pioches puis enterré vivant par un kapo ; en 1994 Sarah se donne la mort
Il prend l’enfant par les pieds, on dirait un jeu, il le soulève et il tourne avec l’enfant, le plus près possible du mur
Les yeux immenses et le visage sur la couverture, tu te retournes pour voir ce que les yeux .. ; il n’y a qu’ombre en arrière et devant l’image du livre qui te regarde
le père énucléé
le viol avec l’épi
Il faut dire qu’il n’y pas eu d’effraction : soit () à ouvert à () soit () s’est introduit dans l’appartement avec sa clé car () avait une clé (le fils avait les clés de la mère) ; dans ce cas et dans ce cas seulement il est possible que () ait été endormie quand il l’a étranglée puis (ou) battue puis… ; on ne sait pas si () a ouvert les yeux, on sait le sang partout ; on sait que () le fils a téléphoné et qu’il a dit : Je l’ai tuée ; on sait qu’il était couvert de sang; on ne sait pas le visage ; pas le regard
L’homme et la femme dans le trou enterrés vivants jusqu’au cou ; un groupe à quelques mètres, des hommes ( et des femmes?) chacun ramasse une pierre, une pierre plus ou moins grosses et jette a pierre en plein dans leurs visages
leurs bouillies de visages
On ne sait pas si () la mère a vu () le fils ; on ne sait pas quand cette nuit là () on ne sait pas l’heure exacte , on sait que () s’est dénoncé, on sait que () est restée plusieurs semaines dans le tiroir de la morgue ; on sait que () repose à présent dans la terre, « repose en paix » ce sont les mots qui ont été prononcés par un prêtre ; on sait que () avait planté un laurier dans la cour de la maison de () on sait que c’était en juin ; on sait qu’elles étaient trois amies, qu’elles riaient ; on sait que () nageait tous les jours ce mois de juin et buvait le soir un verre de vin en regardant la lumière s’estomper, en regardant les fleurs ; on sait que () dormait très peu… on sait que trois jours avant la nuit sans effraction () a vu un film, on connait le titre du film, on sait que elle était avec une des amies de juin ; on sait qu’elle a parlé de lui …
la femme et l’enfant à naitre les jambes solidement attachées ensemble avec des cordes
et les yeux avaient cillé quand ils soulevaient le corps pour le jeter par-dessus la plate forme du train
Ouf. En plein dans la face…
tout cela
et en même temps garder écriture, rythme, choix
J’admire
Oh Nathalie, devant le flot d’images, j’ai cillé. Après sainte Agathe, sainte Lucie énuclée. J’ai pensé au supplice de Regulus (toile de Turner) à qui l’on a coupé les paupières, puis exposé au soleil pour l’aveugler. Ca frappe fort. Une toute bonne soirée !
Oh Stephanie je ne connaissais pas cette histoire de paupières vous m’ouvrez les yeux (si je peux dire ). Merci !
Avec plaisir ! (je pensais que ça vous plairait)
Merci Jean Luc et merci Brigitte cette 8 est vraiment éprouvante
Nathalie, je savais pour les canards qu’ils courent quand on leur a coupé la tête. Tu confirmes pour les poulets ?
Le poulet de Galan, qui était sûrement une poule, avait couru le 1 mètre. Le poulet de Joyce Carol Oates : « Heureux » c’était son nom a fini sur la table
Des faits froidement énoncés
toute l’horreur du monde
un rythme implacable
une peinture éprouvante du Caravage : Judith décapitant Holopherne (dans son sommeil)
Merci beaucoup Huguette, oui le tableau du Caravage est terriblement éprouvant
Les scènes parfaitement visibles à la lecture, une lecture coup de poing !
Cette consigne était vraiment particulière.
et la violence que c’est que l’accumulation même — un zapping, un halètement
et les descriptifs plus puissants que des punchlines
: une pluie de chocs, une onde à force, ça lance, la lecture hypersensibilisée
(et jusqu’à ces sectionnements qu’opèrent les parenthèses)
Merci beaucoup Christophe
Ah comme Christophe, c’est aussi l’accumulation et le rythme saccadé, haleté qui crée l’impression du coeur qui s’arrête, du souffle qui manque.