##gestes&usages #08 | description d’une trempe

On est là / toujours là/ il ou elle sont là/ plus là / c’est pas la paix / c’est pas la guerre / c’est autre chose/ c’est quelqu’un / qui ? / c’est lui ? c’est elle ? / on ne sait jamais /un coup-ci un coup-là/ couçi-couça/ sans raison / un coup oui un coup non / ici et là/ viens ici / fous le camp / le coup peut surgir / il surgit toujours / de n’importe où / on a la trouille/ au ventre/ n’importe où / n’importe quand / pif ! / paf ! / bam ! / la gifle/ la claque/ la beigne/ la bugne/ la châtaigne/ le ramponneau/ la baffe/ la branlée/ l’arrache-cœur/ la ceinture/ le fouet/ la trempe/ Il ou elle est là/ De tout son poids / purée de pois /pot aux roses/ pot pourri / pêle-mêle/ odeur de sueur / de fer / de peau / haleine/ oignon et ail / averse ou giboulée de poings/ il ou elle donne / on prend/ on déguste/ on encaisse/ on tombe/ on s’allonge/ on est tout en bas / tout nu / au sol / on s’évanouit / plus rien / néant / nada / que tchi / zéro / nul nul nul / aille ! / ouille ! / non dit la dame/ pas la tête. Bim ! / achevé.

On n’est plus là/ tout est noir/ néant/ big-bang/ ça revient/ on est là/ encore/ , de rien à quelque chose / à neuf / de nouveau / cochon / veau / dindon / caca de chez caca / à se réveiller, à ramper, à vouloir se réveiller/ sans toujours bien y arriver / à recommencer/ ou pas/ tout au contraire/ écumer de rage/ écumer de triste / si triste/ de la tristesse piper une énergie/ qui déborde par les yeux/ car obstiné/ têtu / à toujours vouloir regarder / toujours vouloir voir/ la main/ la main/ la main / manifestement la main / avec les doigts, les poils sur les phalanges / le rouge du vernis à ongle / puis le poignet / la manche / le bras / le corps/ ne pas remonter vers la tête trop vite / le visage/ les yeux / plutôt voir la toute petite aspérité / sur le carrelage / le mur / le plafond/ se fixer tout entier à un tout petit clou qui dépasse / vouloir s’accrocher à quelque chose/ quand même/ ou pas/ à un pied de table / chaise / une paroi / un mur/ échec/échec/échec/ pim ! / pam ! / poum ! / on manque d’appui / ou pas / on retrouve le fichu aplomb / en invente un / au besoin / pour se relever/ vite vite vite encore aller / plus vite / ton aplomb / aller petit soldat de mousse / il faut se relever/ tu ne vas pas rester comme ça / ça serait bien le pompon / le comble/ tu vas te relever dis / tu m’entends / Il va se relever ce petit con ? / tu m’écoutes / aller fais pas semblant / on se relève/ ça y est / voilà / t’es un homme ou pas / encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore/ c’est comme ça/ voilà / enfin / on y est / on s’est relevé / bien tout chiffonné/ à se déplier les muscles/ les nerfs/ les veines et veinules/ à numéroter ses abattis / tellement qu’on a mal on n’a plus mal / groggy/ ça tangue/ mal au cœur / nausées / beurk ! beurk ! beurk ! / mais quand même ouf ! / c’est passé / grand grand grand soulagement dans la maisonnée/ on s’est bien aimer/ on a appris à vivre / hum ! le fabuleux vivre ensemble / on en a eu à la pelle à tarte des tartes / c’est comme ça / faut les dresser n’est-ce pas / pas de rustine à y remettre/ Vive la République/ Vive la France/ Marche ou crève.

A propos de Patrick B.

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5 commentaires à propos de “##gestes&usages #08 | description d’une trempe”

  1. Waouh ! Aïe ! Ouille ! Quelle forme assumée ! Audacieuse et innovante, j’ai été très surprise de réussir malgré tout à découvrir le sens dans cette explosion. Il y a une très belle continuité camouflée dans ce texte. Merci.

  2. T’es un homme ou quoi ? Merci Patrick pour la justesse des mots et le rythme du texte. C’est fort, c’est terrible, mais l’écriture est belle, merci.

  3. « La raclée »… Tu l’auras décrite de long en large, de bas en haut… On y est, on fulmine, on souffre , et on crie pour l’écrire, pour que ça s’arrête une fois pour toutes… ce carnage familial inutile, destructeur, cette éducation perverse qui n’a pas de justification pensable. Il faut arrêter l’agression, y compris par le souvenir. Rendre coup pour coup pour les neutraliser une fois pour toutes, dis-je ici. Bravo d’avoir pu en faire un texte qui témoigne et accuse ,une bonne fois pour toutes et pour tous les gosses massacrés dans l’oeuf… Résilients ? Tu parles ! Les contusions et les humiliations anciennes ne disparaissent jamais, mais elles sont à raconter en plein jour, pour les contrer au présent, pour soustraire les victimes à leurs bourreaux.