Attendre sa petite-fille à la sortie du lycée, observer la tenue décontractée des filles et des garçons, franges et trous dans les jeans, casquettes et nombrils exposés. Surgissement d’une scène, quelques décennies en arrière, dans l’entrée du lycée Récamier à Lyon. Une femme de haute taille guindée dans un tailleur strict gris, sans maquillage, peau sèche, front ridé, yeux perçants, bouche fine et dure, allure guerrière, le Censeur de l’établissement assénant son grand carnet sur la tête de ma meilleure amie tout en prononçant une diatribe d’une voix stridente — vous ne devez pas vous présenter au lycée dans cet accoutrement, où vous croyez-vous, sortez du rang, vous ne devez pas porter de pantalon, vous ne devez pas vous maquiller, vous ne devez pas soutenir mon regard plus d’une seconde, vous devez baisser la tête, dans quel monde croyez-vous évoluer, je vois, vous voulez cultiver la rébellion, pourquoi ne pas devenir une dissidente, une révolutionnaire, vous devez être matée, vous ne vous en sortirez pas comme ça, vous verrez bien qui l’emportera, — vous n’avez pas le droit de me brutaliser et de me parler ainsi — comment n’ai-je pas le droit, vous devez vous taire, accepter tout ce que je fais et dis, pour qui vous prenez-vous, d’ailleurs plusieurs professeurs ont évoqué votre insolence, vous avez récemment traité de sexiste le propos du professeur de sciences naturelles, sur la comparaison des cerveaux homme femme s’appuyant sur de brillantes recherches et concluant à la supériorité du cerveau masculin. Vous n’avez pas le droit de critiquer votre professeur — si j’ai le droit. Elle avait été envoyée chez le directeur et punie d’une colle de quatre heures durant trois semaines à la suite. Ressentir de la fierté à être son amie, mesurer le chemin à parcourir avant d’avoir sa force d’expression et de résistance. Mais la graine était semée, pouvoir se dire — si, j’ai le droit de penser par moi-même, de m’opposer aux abus de pouvoir de tous ces petits chefs médiocres qui rancissent la vie. Le devoir à Renée.
Oui ! Quels beaux portraits, merci.
Lointains mais bien présents.
Merci Clarence de ton écho.
c’est joli Renée
Oui rare et joli comme elle l’était
merci Piero de ton passage
Vivant, vécu. La musique de la rébellion si attendue. Merci.
Merci à toi Jean-Luc pour cet accord
rébellion obligatoire…
souvenirs anciens chez moi aussi…
Ne pas accepter l’inacceptable autant que possible
merci de ton écho Françoise