Il affirme lui avoir envoyé ce mail. Debout dans l’allée du marché hebdomadaire. La dominant de toute sa taille. Bien au-dessus de lui, à hauteur de ciel, une vieille enseigne. « …onfections pour dames et fillettes ». Il manque un mot et une lettre. Ce qu’elle se dit. Tandis que ses mains à lui s’agitent sur le téléphone portable. Il cherche le message en question. Elle garde les yeux rivés sur l’homme devant elle. Un touriste la bouscule. Elle s’écarte de quelques pas. S’excuse même. Il ne considère que l’objet dans ses mains. Sa voix est formelle. Il a envoyé ce message. Il le répète. Sa voix noyée dans le brouhaha des allées et venues. Des bonjours qui se lancent à leurs côtés. Il cherche à justifier son affirmation, la tête penchée sur le téléphone. Sa chevelure est dense. Grisonnante. Elle le trouve plutôt beau. Il continue de parler. Elle ne l’écoute guère. Elle était sûre en venant sur ce marché qu’il se passerait quelque chose de nouveau. Elle l’interroge : l’adresse ? Une erreur peut-être ? Il répond. Ses doigts fins dénoncent son métier, sa position sociale, un professeur, un intellectuel. À la fébrilité de ses mains, elle craint de l’avoir blessé. « Il est peut-être dans mes spams. » Il n’a toujours pas relevé la tête. Le musicien à l’angle de la boucherie chante accompagné de sa guitare. Elle porte sa main gauche à son oreille gauche. Se déplace légèrement pour rester en face de lui. Il a trouvé. Retourne l’écran vers elle, un sourire aux lèvres. Il lève les yeux. Alors elle s’avance, ôte les lunettes noires de l’homme et déclare : je n’aime pas parler à quelqu’un dont je ne vois pas le regard.
on en apprend en effet beaucoup plus – et mieux…Merci à toi
🙏🏼 En retour 😉