Au long des deux allées parallèles jouxtant de nombreux restaurants, les touristes se croisent, se frôlent, s’évitent, se percutent provoquant irritation ou sourire au marché du samedi de la vieille ville à deux pas de la mer et de la maison de Matisse. Ils achètent avec modération, regardent surtout, photographient ou filment, repérant les stands les plus célèbres, objets d’un récent documentaire à la télé. Ils paradent un peu, fiers de déambuler dans la ville que de riches Chinois adorent, fiers de vivre un temps sur la Côte d’Azur. Gardant leurs distances, se contentant d’un salut de la tête, de sourires conventionnels ils font la queue pour commander la fameuse socca, s’informant parfois sur sa composition.
Les Niçois les habitués font leur marché pour la semaine. Toujours les mêmes. Salutations, mots échangés, tapes sur l’épaule. Un couple au pas décidé fend la foule atteignant directement la place devant la mairie regroupant les producteurs locaux de légumes et de fruits, d’herbes aromatiques et un fleuriste. Deux sœurs souriantes constamment sollicitées servent, pèsent et trouvent le loisir de parler, nouvelles du temps, de leur mère bientôt centenaire, des graines de courgettes de Nice apportées pour les semer près de Sommières, plaisanteries, presque un rituel de paroles et de gestes d’ouverture et de confiance. Le couple remplit un caddy et deux sacs puis se dirige vers le stand du fleuriste. Chaque semaine choix d’un bouquet. L’état de santé du fleuriste est précaire. Il s’est confié un jour. Aujourd’hui il est absent. Sa femme et son fils le remplacent. Sans sourire.
Le fils posant sans cesse la main sur l’épaule de sa mère.
Le geste est répété. Les deux regards sont soucieux. Le couple s’approche, demande des nouvelles. Le fleuriste est hospitalisé.
ça sent le vécu…
là encore (comme dans la proposition précédente) on passe du chaud au froid, le marché joyeux et les touristes intrigués et puis soudain l’intime faisant irruption
(en fait le premier paragraphe qu’on pourrait croire inutile, nous rend suffisamment insouciants pour être pris à la gorge par la mauvaise nouvelle)
merci Françoise de ton écho
oui du vécu et de l’émotion
J’aime lire les commentaires de Françoise. Cette fois, j’adhère tellement à ce qu’elle a ressenti et écrit que tout rajout est superflu. Beaucoup aimé comment le nœud de l’intrigue nous est amené depuis le caché. Merci, Huguette.
Oui Françoise a l’oeil et l’écoute des phases.
Merci Anne de ton écho bien encourageant.