C’est un tout petit oiseau, la chevêchette d’Europe. Pas plus grosse qu’un poing, mais l’air bien décidé. Deux yeux jaunes de chouette, mais pas ces énormes cernes qui font caricature. Elle a des sourcils blancs, tant devant que derrière puisqu’elle a sur la nuque, une fausse face d’elle-même destinée à tromper ses ennemis potentiels.
La pierre doit être lourde, son poids fera sa force, sa beauté et son âme. Il faut qu’elle soit compacte sans fissures ni défauts, mais pas non plus trop lisse pour éviter l’ennui. Il faut pouvoir tourner ses faiblesses en détails.
Sa tête est presque une boule et son corps presque un œuf. Sa queue n’est pas très longue, on ne voit pas ses pattes, bien cachées dans les plumes quand elle est installée à la cime d’un sapin.
La pierre n’est pas très sombre, c’est du marbre de Villette, le crayon noir suffira pour tracer les grandes lignes. Ensuite bien soigneusement, affuter les ciseaux. Vérifier le compresseur, le masque pour le nez, le casque pour les oreilles et bien sur les lunettes pour protéger les yeux.
Posée sur la pierre froide, une main poussiéreuse dont les doigts, distraitement, fourragent dans la chaleur des plumes de l’oiseau
Visite, hier, à un ami sculpteur. Merci, Jean, pour le temps et les mains
Merci Juliette pour ces mains dans les plumes de la pierre. Elle va s’envoler. Bravo.
Merci pour ta lecture Ugo, étonnant les questions qui viennent avec l’atelier : le poids, le pesant ou le léger comme une partie du toucher ? Quant à faire voler les pierres ….
oui, troublant dans ce contexte, mémoire en chacun de nous des oiseaux tenus en paume
Discussion avec cet ami sculpteur qui me disait préférer la pierre au bois à cause de son poids… Et les gros-becs casse-noyaux juste devant la fenêtre.
Oui, tenir une chouette qui s’était coincée dans la cheminée pour la relâcher, la mémoire gardera toujours ça
« une fausse face d’elle-même destinée à tromper ses ennemis potentiels. » cette histoire de leurre me plait. Et le nom : La chevêchette de Villette . Et la lourdeur de la pierre qui recevra l’âme. L’âme dans la pierre . Merci
Merci à toi pour la lecture !
Et oui, les sons m’ont plu dans Chevêchette de Villette, espèce à exemplaire unique, mais pas en voie de disparition parce que le marbre ça dure longtemps 😉
mains contre corps d’oiseau, mains enveloppant les plumes de l’oiseau, on a tous connu ça
c’est beau…
entre geste de sculpteur et envol de la petite chouette chevêchette, ton regard qui fourrage lui aussi