La main s’extirpe du drap pour saisir l’autre minuscule. Le regard suit et plonge avec la main. Le regard n’en revient pas et dure. La main et le regard caressent : quelle douceur d’instinct on aime croire. Le fait que c’est immédiat on aime dire : l’amour jaillit . C’est sans pourquoi on veut croire on aime dire.
Celles-ci, ( les autres ) qui se détournent, on ne sait pas toujours les reconnaître. ((on ne veut pas ). Elles sourient parfois – ça trompe. Elles regardent la fenêtre ou la porte – ça dépend de la place du lit dans la chambre partagée. Avec ce sourire au-delà regardent quoi.
Ça va Camille ? Vous avez dormi? Vous voulez… ?
Sourire qui se fige et s’absente. Les mains reposent sur le drap. Sans but. Comme si le noir et il fait jour.
Camille?
Dans la coque translucide le corps miniature s’absente lui aussi. Il se fait plus petit. On dirait qu’il veut s’abstraire. Il ne fait aucun bruit. Pour ne pas déranger peut-être. Un souffle à peine pour rassurer. Là pas là.
Celles-là on ne les reconnaît pas toujours à cause du sourire : ça trompe. L’absence mais le sourire. La disjonction des corps. Des heures. Des jours. Des mois.
Camille vous ne voulez pas…
L’odeur de lait, la tête s’enfuit.
C’est furtif. Inattendu. La main sans le regard. Et personne ne saura. La main à tâtons se glisse paume ouverte sous l’autre minuscule. On pourrait dire que la main respire l’autre main.
C’est furtif. Le temps d’un oiseau. Qu’il se pose et qu’il s’envole.
Trop beau et trop vrai… Je me souviens
« On pourrait dire que la main respire l’autre main.
C’est furtif. Le temps d’un oiseau. Qu’il se pose et qu’il s’envole. ».
Merci Nathalie. Quelle tendre beauté.
Merci Piero et merci Ugo Merci pour la douceur perçue… je me demande si je n’ai pas raté le but, la nuance devait être trop ténue. Je voulais dire aussi celles pour qui le lien ne se fait ( en tous cas pas immédiatement ) vais tenter de le faire maintenant… Merci!
« l’amour jaillit »
voilà ce qui nous happe tout de suite
très beau dans une écriture presque détachée tant les circonstances pourraient être tragiques
je me raccroche à l’image de l’oiseau qui se pose…
Je me souviens de son regard et du sourire immobile, nous partagions cette chambre… merci Françoise pour la lecture.
oui… le temos d’un oiseau
Merci Brigitte
Waouh ! Qui oserait, pourrait, s’attaquer à ce problème ? La tendresse de celle qui dit Camille ou l’écrit ! La finesse qu’il faut pour mettre cela en mots. Ce grand drame des corps imbriqués puis séparés. C’est un texte magnifique de fragilité traduite. Merci, Nathalie.
Merci Anne (qui écrit dit si bien les corps dans leurs retranchements ) Touchée
On sent bien que c’est un coup de bol, le coup de foudre. Bien vu.
Très beau texte, et cette main qui respire l’autre main, j’adore
Merci Emmanuelle et Perle