#gestes&usages #03 | Presque là

C’était presque là. Un couple d’oiseaux crève le feuillage en sifflant et des feuilles tombent. Le chien est le premier arrivé. On l’entend, à travers la haie, sauter dans le ruisseau, patauger. Quand ils arriveront, il aura déjà disparu dans un fourré, se sera enfoncé dans le rideau de roseaux ou on l’entendra gratter, fourajher comme ils disent, derrière le petit abri de la fontaine au toit couvert de mousses, de brindilles, de feuilles jaunes et orangées. Ils ont terminé plus tôt que prévu et viennent un moment se détendre là, prendre le frais dans le frémissement des arbres. En chemin, ils aperçoivent plus haut, en contre-jour, une silhouette qui les salue d’un grand signe de la main. Ils répondent de même, et traversent l’ouverture dans la haie. Ils jetteront certainement un œil à la fontaine pour vérifier que les hautes herbes et le lierre ne l’envahissent pas trop. Au besoin, il la dégagera avec la faux ou son couteau. Et ils laisseront courir le ruissellement de l’eau et des ombres dans leurs yeux, l’espace d’un instant. Peut-être se seront-ils assis ? C’est étrange, je ne les imagine pas se donner la main, et pourtant… Le vent porte aujourd’hui, les cloches du bourg sont assez claires et les cimes des peupliers s’inclinent. On entend le chien aboyer, d’assez loin. Il reviendra en sortant de nulle part, la queue en trompette, et s’arrêtera avec l’air de flairer quelque chose. Je suis là quelque part, dans le moïse qui, sans qu’ils ne s’en aperçoivent ni entendent vraiment, s’agite et babille.

C’était presque ça. Un couple d’oiseaux crève le feuillage en sifflant et des branches cassent. Le chien est le premier arrivé. On l’entend, à travers la haie, sauter dans le ruisseau, patauger. Quand elle arrive, il aura déjà disparu dans un fourré, se sera enfoncé dans le rideau de roseaux ou on l’entendra gratter, fourajher comme elle dit, derrière la petite cabane de la fontaine au toit couvert de mousses, de brindilles, de feuilles mortes. Elle a terminé plus tôt que prévu et vient un moment se détendre là, à l’abri du vent dans le frémissement des arbres. En chemin, elle aperçoit plus haut, en contre-jour, une silhouette qui la salue d’un grand signe de la main. Elle répond de même, et traverse l’ouverture dans la haie. Elle jettera certainement un œil à la fontaine pour vérifier que les hautes herbes et le lierre ne l’envahissent pas trop. Au besoin, elle la dégagera avec la faucille ou son couteau. Et elle laissera courir le ruissellement de l’eau et des ombres dans ses yeux, un bon moment. Peut-être se sera-t-elle assise ? C’est étrange, elle s’imagine me donner la main, mais maintenant… Le vent porte aujourd’hui, les cloches du bourg sont assez claires et les cimes des peupliers s’inclinent. On entend le chien aboyer, d’assez loin. Il reviendra en sortant de nulle part, la queue en trompette, et s’arrêtera avec l’air de flairer quelque chose. Je suis là quelque part, dans l’ombrage, qui, sans qu’elle ne s’en aperçoive ni entende vraiment, s’agite et babille.

C’était presque ça. Un couple d’oiseaux crève le feuillage en sifflant et des branches cassent. Le chien est le premier arrivé. On l’entend, à travers la haie, sauter dans le ruisseau, patauger. Quand elle arrive, il aura déjà disparu dans un fourré, se sera enfoncé dans le rideau de roseaux ou on l’entendra gratter, fourajher comme elle dit, derrière le petit réduit de la fontaine au toit couvert de mousses, de brindilles, de feuilles mortes. Elle a terminé plus tôt que prévu et vient un moment se recueillir là, à l’abri du vent dans le frémissement des arbres. En chemin, elle aperçoit plus haut, dans la brume, une silhouette qui la salue d’un grand signe de la main. Elle répond de même, et traverse l’ouverture dans la haie. Elle jettera certainement un œil à la fontaine pour vérifier que les hautes herbes et le lierre ne l’ont pas trop envahie. Au besoin, elle la dégagera avec la faucille et son couteau. Et elle laissera courir le ruissellement de l’eau et des ondes dans ses yeux, un bon moment. Peut-être se sera-t-elle assise ? C’est étrange, elle s’imagine me donner la main, comme avant… Le vent porte encore aujourd’hui, les cloches du bourg sont assez claires et les cimes des peupliers s’inclinent. On entend le chien aboyer, d’assez loin. Il revient vite en sortant de nulle part, la queue en trompette, et s’arrête avec l’air de flairer quelque chose. Je suis là quelque part, dans le feuillage, qui, sans qu’elle ne s’en aperçoive ni entende vraiment, s’agite et babille.

C’est presque ça. Un couple d’oiseaux crève le feuillage en sifflant et des branches cassent. Les chiens sont les premiers arrivés. On les entend, à travers la haie, sauter dans le ruisseau, patauger. Quand elle arrive, ils auront déjà disparu dans un fourré, se seront enfoncés dans le rideau de roseaux ou on les entendra gratter, fourajher comme elle dit, derrière le petit réduit de la fontaine au toit couvert de mousses, de brindilles, de feuilles sèches. Elle a terminé plus tôt que prévu et vient un moment se recueillir là, à l’abri du soleil dans l’ombrage des arbres. En chemin, elle aperçoit plus haut, en contre-jour, Lulu qui la salue d’un grand signe de la main. Elle répond de même, et traverse l’ouverture dans la haie. Elle jettera certainement un œil à la fontaine pour vérifier que les hautes herbes et le lierre ne l’ont pas trop envahie. Au besoin, elle la dégagera avec la faucille et son couteau. Et elle laissera courir le filet d’eau et de lumière dans ses yeux, un bon moment. Peut-être se sera-t-elle assise ? C’est étrange, elle s’imagine me donner la main, dans celle de Lulu… Le vent est tombé aujourd’hui, les cloches du bourg sont assez faibles et les cimes des peupliers immobiles. On entend les chiens aboyer, d’assez loin. Ils reviennent vite en sortant de nulle part, la queue en trompette, et courent avec l’air de pister quelque chose. Je suis là quelque part, dans le filet d’eau, qui, sans qu’elles ne s’en aperçoivent ni entendent vraiment, serpente et clapote.

notes avec le texte

A propos de Will

Formateur dans une structure associative (en matière de savoirs de base), amateur de bien des choses en vrac (trop, comme tous les grands rêveurs), écrivailleur à mes heures perdues (la plupart dans le labyrinthe Tiers Livre), twitteur du dimanche sur un compte Facebook en berne (Will Book ne respecte pas toujours « les Standards de la communauté »), blogueur éphémère sur un site fantôme (willweb.unblog.fr, comme pas fait exprès).

3 commentaires à propos de “#gestes&usages #03 | Presque là”

  1. Rétroliens : En attendant Marcel | #gestes&usages #enfances #lire&dire – 3 – le Tiers Livre | écrire, publier, explorer

  2. d’après la 4
    C’est presque ça. Un couple d’oiseaux crève le feuillage en sifflant et des branches cassent. Les chiens sont les premiers arrivés. On les entend, à travers la haie, sauter dans le ruisseau, patauger. Quand elle arrive, ils auront déjà disparu dans un fourré, se seront enfoncés dans le rideau de roseaux ou on les entendra gratter, fourajher comme elle dit, derrière le petit réduit de la fontaine au toit couvert de mousses, de brindilles, de feuilles sèches. Elle a terminé plus tard que prévu et vient un moment se recueillir là, à l’abri du soleil dans l’ombrage des arbres. En chemin, elle aperçoit plus haut, en contre-jour, Lulu qui la salue d’un grand signe de la main. Elle répond de même, et traverse l’ouverture dans la haie. Elle jettera certainement un œil à la fontaine pour vérifier que les hautes herbes et le lierre ne l’ont pas trop envahie. Au besoin, elle la dégagera avec la faucille et son couteau. Et elle laissera courir le filet d’eau et de lumière dans ses yeux, un bon moment. Peut-être se sera-t-elle assise ? C’est étrange, elle s’imagine me donner la main, dans celle de Lulu… Le vent est tombé aujourd’hui, les cloches du bourg sont assez faibles et les cimes des peupliers immobiles. On entend les chiens aboyer, d’assez loin. Ils reviennent vite en sortant de nulle part, la queue en trompette, et courent avec l’air de pister quelque chose. Je suis là quelque part, dans le filet d’eau et, sans qu’elles ne s’en aperçoivent ni entendent vraiment, serpente et clapote.

    • J’ai un temps de retard, mais merci Brigitte de ton passage. — Juste pour savoir : le paragraphe copié-collé, c’est un choix personnel ?