Coincée depuis hier dans ce bus déglingué qui, je ne sais par quel miracle, traverse le Mexique de Tapachula à Tijuana, pas plus au sud pas plus au nord. Mal au dos, jambes ankylosées, pas fermé l’oeil trop méfiante trop de nids de poules, faim, plus une miette de pain de maïs dans les poches, seule passagère depuis Oaxaca. Le conducteur roule sans pause. Dans le rétro, ses yeux ne clignent pas, ne me regardent pas. Tant mieux. Il se shoote aux bandas et corridos qui sifflent dans les enceintes collées au plafond et enchaîne clope sur clope. Pas rassurée, mais pas le choix. L’homme est le plus fiable en ces terres minées de narcos et à deux cent cinquante pesos les trois milles bornes c’est déjà un miracle de rouler. Papa, maman, vous n’en saurez rien. On s’arrête à cinq heures, Los Mochis, Sinaloa. Un homme monte, chapeau vaquero, bolo, chemise déchirée. Il me frôle au passage, s’assoit au fond, il pue le vieux mezcal, j’évite son regard, fixe la route qui repart m’enfonce dans le siège, me colle contre la vitre : survie. Je plante les écouteurs dans mes pavillons et booste ce cher Antonio Aguilar vagando paso la vida, no mas recorriendo el mundo. Dans trois heures, on est à Tijuana.
Coincée depuis hier dans ce bus déglingué qui, je ne sais par quel miracle, traverse le Mexique de Tapachula à Tijuana, pas plus au sud pas plus au nord. Mal au dos, jambes ankylosées, pas fermé l’oeil trop méfiante trop de nids de poules, faim, plus une miette de pain de maïs dans les poches, seule passagère depuis Oaxaca. Le conducteur roule sans pause. Dans le rétro, ses yeux ne clignent pas, ne me regardent pas. Tant mieux. Il se shoote aux bandas et corridos qui sifflent dans les enceintes collées au plafond et enchaîne clope sur clope. Pas rassurée, mais pas le choix. L’homme est le plus fiable en ces terres minées de narcos et à deux cent cinquante pesos les trois milles bornes c’est déjà un miracle de rouler. Papa, maman, vous n’en saurez rien. On s’arrête à cinq heures, Los Mochis, Sinaloa. Un homme monte, chapeau vaquero, bolo, chemise déchirée. Il m’examine au passage, s’assoit à côté de moi, il pue le vieux mezcal, j’évite son regard, fixe la route qui repart, m’enfonce dans le siège, me colle contre la vitre : survie. Je plante les écouteurs dans mes pavillons et booste ce cher Antonio Aguilar vagando paso la vida, no mas recorriendo el mundo. Dans trois heures, on est à Tijuana.
à partir de la 2 rituellement
Coincée depuis hier dans ce bus déglingué qui, je ne sais par quel miracle, traverse le Mexique de Tapachula à Tijuana, ni plus au sud ni plus au nord. Mal au dos, jambes ankylosées, pas fermé l’oeil trop méfiante trop de nids de poules, faim, plus une miette de pain de maïs dans les poches, seule passagère depuis Oaxaca. Le conducteur roule sans pause. Dans le rétro, ses yeux ne clignent pas, ne me regardent pas. Tant mieux. Il se shoote aux bandas et corridos qui sifflent dans les enceintes collées au plafond et enchaîne clope sur clope. Pas rassurée, mais pas le choix. L’homme est le plus fiable en ces terres minées de narcos et à deux cent cinquante pesos les trois milles bornes c’est déjà un miracle de rouler. Papa, maman, vous n’en saurez rien. On s’arrête à cinq heures, Los Mochis, Sinaloa. Un homme monte, chapeau vaquero, bolo, chemise déchirée. Il m’examine au passage, s’assoit à côté de moi, il pue le vieux mezcal, je tourne la tête, fixe la route qui repart, m’enfonce dans le siège, me colle contre la vitre : survie. Je plante les écouteurs dans mes pavillons et booste ce cher Antonio Aguilar vagando paso la vida, no mas recorriendo el mundo. Dans trois heures, on est à Tijuana.
super Brigitte de poursuivre l’exercice-jeu-matière modelable à l’infini.
Ce « pas plus au sud, pas plus au nord » m’a posé souci au moment de l’écrire et j’ai laissé libre interprétation plutôt que la mienne. Merci de d’en être emparée.