Je suis dans une salle d’attente ; la salle d’attente d’un médecin d’un hôpital public marseillais, proche du métro Timone où, une fois par an, je viens réaliser des examens de mes poumons. C’est le matin (une infirmière vérifie tous les quarts d’heure que les gens qui patientent dans cette salle d’attente ne se sont pas trompés d’endroit) mais ce pourrait être n’importe quand dans la journée. Je prends un journal sur la table basse ; le médecin passe sa tête dans l’encadrement de la porte et appelle un nom aux consonances arabes. Quelqu’un se lève.
Je suis dans une salle d’attente ; la salle d’attente d’un médecin d’un hôpital public marseillais, proche du métro Timone où, une fois par an, je viens réaliser des examens de mes poumons. C’est le matin (une infirmière vérifie tous les quarts d’heure que les gens qui patientent dans cette salle d’attente ne se sont pas trompés d’endroit) mais ce pourrait être n’importe quand dans la journée. Je prends un journal sur la table basse ; le médecin passe sa tête dans l’encadrement de la porte et appelle un nom aux consonances italiennes. Quelqu’un se lève.
Je suis dans le métro ; le métro qui relie l’hôpital de La Timone au Vieux-Port que je prends chaque fois que je veux aller au centre-ville pour lire le journal en regardant la mer. C’est le matin (un jeune médecin encore en blouse rentre chez lui fatigué par sa nuit de garde) mais il fait déjà chaud. Je lis le dos du journal de l’infirmière assise en face de moi : le contrôleur me demande mon titre de transport ; il a un accent arabe. Quelqu’un chante.
Je suis dans le métro ; le métro qui relie l’hôpital de La Timone au Vieux-Port que je prends chaque fois que je veux aller au centre-ville pour lire le journal en regardant la mer. C’est le matin (un jeune médecin encore en blouse rentre chez lui fatigué par sa nuit de garde) mais il fait déjà chaud. Je lis le dos du journal de l’infirmière assise en face de moi : le contrôleur me demande mon titre de transport ; il a un accent italien. Quelqu’un chante.
Je suis assis dans mon bureau : mon bureau de médecin dans le service de pneumologie de l’hôpital de La Timone où, tous les lundis et jeudis matin, je consulte. C’est le matin (le patient que j’ai en face de moi a l’air endormi, il a dû passer une mauvaise nuit) mais je consulte parfois l’après-midi. Je regarde son bilan sur l’écran de mon ordinateur, il n’annonce rien de bon ; l’infirmière rentre avec d’autres documents qu’elle me présente ; je lis sur le dossier un nom qui résonne en arabe. Quelqu’un passe la tête dans l’encadrement de la porte.
Je suis assis dans mon bureau : mon bureau de médecin dans le service de pneumologie de l’hôpital de La Timone où, tous les lundis et jeudis matin, je consulte. C’est le matin (le patient que j’ai en face de moi a l’air endormi, il a dû passer une mauvaise nuit) mais je consulte parfois l’après-midi. Je regarde son bilan sur l’écran de mon ordinateur, il n’annonce rien de bon ; l’infirmière rentre avec d’autres documents qu’elle me présente ; je lis sur le dossier un nom qui résonne en italien. Quelqu’un passe la tête dans l’encadrement de la porte.
Je cours dans un couloir : un couloir de l’hôpital de La Timone semblable à tous les autres couloirs de tous les hôpitaux, je travaille comme infirmière et on est encore en sous-effectif. C’est le matin (le préposé aux journaux vient d’en déposer plusieurs dans la salle d’attente et les a rangés bien consciencieusement sur la table basse) mais ma journée a commencé depuis longtemps. Je passe la tête dans la salle d’attente ; j’entends le médecin derrière moi ouvrir la porte de son bureau et un patient en sortir ; il le salue en essayant de prononcer son nom aux consonances arabes. Quelqu’un sourit.
Je cours dans un couloir : un couloir de l’hôpital de La Timone semblable à tous les autres couloirs de tous les hôpitaux, je travaille comme infirmière et on est encore en sous-effectif. C’est le matin (le préposé aux journaux vient d’en déposer plusieurs dans la salle d’attente et les a rangés bien consciencieusement sur la table basse) mais ma journée a commencé depuis longtemps. Je passe la tête dans la salle d’attente ; j’entends le médecin derrière moi ouvrir la porte de son bureau et un patient en sortir ; il le salue en essayant de prononcer son nom aux consonances italiennes. Quelqu’un sourit.
Je suis assis sur un banc : un banc devant l’hôpital de La Timone, proche de la sortie du métro que je ne prends jamais parce que je n’ai en pas besoin. C’est le matin (un médecin passe devant moi, c’est mon pneumologue et il ne me reconnaît pas) mais ce n’est pas très important. J’ai du mal à respirer ; j’ai encore plus de difficultés à l’expliquer parce que je parle mal le français et la vendeuse de journaux qui s’inquiète de mon état ne comprend pas très bien ; elle me dit qu’avec mon accent arabe, j’avale la moitié des mots. Quelqu’un soupire.
Je suis assis sur un banc : un banc devant l’hôpital de La Timone, proche de la sortie du métro que je ne prends jamais parce que je n’ai en pas besoin. C’est le matin (un médecin passe devant moi, c’est mon pneumologue et il ne me reconnaît pas) mais ce n’est pas très important. J’ai du mal à respirer ; j’ai encore plus de difficultés à l’expliquer parce que je parle mal le français et la vendeuse de journaux qui s’inquiète de mon état ne comprend pas très bien ; elle me dit qu’avec mon accent italien, j’avale la moitié des mots. Quelqu’un soupire.
Photo de Martha Dominguez de Gouveia sur Unsplash
je suis flemmarde je ne choisis que le second état de la dernière slave
Je suis assis sur un banc : un banc devant l’hôpital de La Timone, proche de la sortie du métro que je ne prends jamais puisque je n’ai en pas besoin. C’est le matin (un médecin passe devant moi, c’est mon pneumologue et il ne me reconnaît pas) mais ce n’est pas très important. J’ai du mal à respirer ; j’ai encore plus de difficultés à l’expliquer parce que je parle mal le français et la vendeuse de journaux qui s’inquiète de mon état ne comprend pas très bien ; elle me dit qu’avec mon accent picard, j’avale la moitié des mots. Quelqu’un soupire.
Un plaisir de lecture, le passage d’un texte à l’autre, le glissement vers chaque personnage, je n’oserai pas changer une virgule!
Je n’y aurais pas pensé! Bonne idée en tous les cas.
Ce n’est pas une double, mais de multiples vies dans ce kaleïdoscope des métiers et des langues.
Tu t’amuses à nous perdre dans ce dédale de portraits de doubles, j’aime.