Il traverse une cour de récréation, le dos droit et le pas décidé. Tendu vers la journée à venir et plein de didactique, il trace une ligne imaginaire entre deux points. Dans la réalité, ce sont deux bâtiments. Mais lui marche sur une ligne et martèle le sol de ses talons, la nuque droite comme tirée par un fil invisible. Il lui faudra pourtant éviter des arrêts approximatifs, tu m’as marché sur les pieds, des bousculades, tu ne peux pas faire attention, des dérives, regarde donc où tu vas. Les enfants sont en proie au délire et à la fièvre. Imprévisibles, leurs courses s’accompagnent du mouvement épileptique de leurs bras et se terminent en pas de danse. L’équilibre rétabli, ils reprennent leur respiration et la soulignent de gestes hyperboliques. Leurs cages thoraciques ont des soubresauts de guépard et des palpitations de mourant. Les ventres se creusent. Les rires fusent parmi des cris de bêtes. Dans quelques minutes, ils seront assis sur des chaises d’emprunt et souligneront les verbes d’action d’un texte littéraire. Encore quelques années et ils apprendront à danser en cadence, à sauter en hauteur, à coordonner leurs gestes et à rationaliser leurs efforts. Ils deviendront plus ou moins performants. Certains opposeront mollesse et pas trainants. Quelque temps encore, ils marcheront en chaussettes dans des Crocs rebelles et, du Bateau ivre, reconnaîtront les métaphores.
chouette !
« Les enfants sont en proie au délire et à la fièvre. Imprévisibles, leurs courses s’accompagnent du mouvement épileptique de leurs bras et se terminent en pas de danse. L’équilibre rétabli, ils reprennent leur respiration et la soulignent de gestes hyperboliques. Leurs cages thoraciques ont des soubresauts de guépard et des palpitations de mourant. » Que c’est bien décrit !