A cause de l’ancienneté de mes souvenirs, de l’écran de télévision noir picoté de blanc aux heures les plus tardives, des sombres forêts imaginées où règnent d’effrayantes chouettes, de l’encre noire qui s’accrochait à ma plume d’écolière, je vois le monde comme entouré d’un épais brouillard, et j’essaie d’y retrouver mon chemin, mon histoire.
Mais il y a la mémoire qui, pour peu qu’on la convoque, redonne toutes ses couleurs à ce monde presque enseveli par le temps. Je retrouve avec elle le dessus de lit vert de mon lit d’enfant, la lampe multicolore que mon grand père avait trouvé, le papier peint orange et marron si caractéristique des appartements du milieu des années 70, avec les tabourets en plastique orange. J’ai 10 ans.
A la radio, j’entends chansons, informations et réclames. A l’heure du gouter, le pain, le beurre et le chocolat, le sirop de grenadine.
A 19 heures précises, c’est l’odeur de la soupe.
Il y avait les jours ou regarder la télé était permis. J’y découvrais les dessins animés japonais. J’ai encore dans l’oreille leurs génériques et leurs bruitages.
Le dimanche, le pire jour de la semaine, c’était la visite obligatoire chez les grands parents. Les minutes s’y écoulaient lentement, comme si le temps étirait ses minutes à l’infini.
Les hommes buvaient de la bière en jouant aux cartes.
Les femmes parlaient de choses que je ne comprenais pas en faisant la vaisselle. .
Je me souviens du chien, Whiskie, et de son odeur de chien,
J’ai retrouvé le poste de télévision en noir et blanc, l’imagination et les couleurs de l’enfance. Merci
Merci à vous de m’avoir lue !
magnifique première phrase
et il est plutôt question là du passage de la couleur à l’odeur
merci pour ce petit voyage lointain et sensoriel
Oui, on se retrouve dans ce texte court et précis, la télé, la soupe etc.
non, pourtant, le dimanche – non… (c’est que je me souviens de ce film, « Le belle équipe » (« quand on se promène au bord de l’eau ») – pourtant, le dimanche(1936, Julien Duvivier)
Les souvenir d’enfances arrivent par taches de couleur, mais j’ai particulièrement aimé le premier paragraphe en grisaille.
Merci !