#gestes&usages #01 | en variant le ton

A cause de la couleur jaune, orange peut-être, un filtre qui ravive et qui dégrade, les images stagnent, je pense aux limbes, un état intermédiaire non daté, ils sont en rang, en groupe, en rond et ils fixent l’écran, ils lèvent le téléphone et le visage change, ils dansent, et parfois ils bougent le téléphone, ils avancent les lèvres ; ils tendent une perche loin devant eux et ils parlent ; ils tapotent sur un clavier muet, ils font glisser les doigts, des zigzags digitaux et puis des mots ; ils marchent et ils regardent vers l’intérieur qui est aussi un peu l’extérieur, ils sont augmentés ; ils font l’amour à distance et décomposent, recomposent et rembobinent, ils modifient le décor et la texture de la peau / une couleur un peu jaune, un peu orange, c’était à la mode, ça faisait penser aux couleurs d’avant, d’un avant avant, il boit le café dans une tasse aux motifs oranges, de grosses fleurs aux pétales ronds ; il tend la main vers le joint qui tourne et circule et aspire une longue bouffée et sa tête oscille au son d’un riff de guitare électrique / orange et doré, et parfois de grands rais jaunes qui coulent en lignes obliques vers la mer grise et ils déchargent le bateau, dans un ciel d’après l’orage, des personnages de tableaux, des silhouettes minuscules et un vacarme lointain, c’est qu’on pourrait bien les décrire si on avait pris la peine de les observer, mais que laissent des images dégradées ainsi par la lumière sinon des corps saupoudrés, des pointillés, bizarre comme alors les images se dissolvent, mais pas les sons / il est je crois au deuxième étage, plus précisément dans la mezzanine, je me revois le saisir, je ne l’ai jamais lu et pourtant souvent j’y pense, c’est la salle du fond avec la grande baie vitrée, ils sont studieux penchés sur la pile de livres et il en est un qui reste là haut dans la mezzanine dans le silence de la bibliothèque : Les cris de Paris,d ‘Arlette Farge et puis cet autre là au titre mystérieux : « le silence, le souffle. »

A propos de Marion T.

Après tout : et pourquoi pas ?