À cause de la couleur bleue, celle étendue en sifflant sur les volets, la casquette de travers, la salopette blanche, la peau tannée, et le passage du pinceau puis encore sur les persiennes allongées sur deux tréteaux, les rides sur le front, la cigarette au coin des lèvres un peu plus tard, devant la grille de la même couleur, cette couleur qui tranche à peine sur celle du ciel et de l’eau, surtout quand l’astre est au plus haut, et plombe tout ce qu’il peut toucher et surtout les ombres qu’il assombrit encore et pèse sur l’emploi du temps et le travail, la contrainte, l’obligation mais qui s’amenuisent mais lui il sifflote parce qu’il fait du beau, du neuf du propre et peint, un bras replié derrière lui, le gauche le poing en haut des reins puis se déplace un peu, continue, se penche puis s’accroupit pour atteindre le pot à ses pieds, racler les poils du pinceau contre la petite grille sur le côté pour en ôter le surplus et se relève revient et revient étend lisse sifflote encore continue et encore puis se penche pour rapprocher le pot, continue encore le même manège tout en sifflotant, c’est à l’ombre de la maison dans le jardin de devant, la porte de fer forgé bleu
il ne fait que son travail, il a posé contre le mur blanc qu’il a déjà chaulé une échelle qui va et monte à la fenêtre de la cuisine – puis il est parti – et c’est là qu’un des enfants a gravi les barreaux, par simple curiosité et par bravade tout autant – savoir s’il en était capable – quelques cris puis une gifle l’attendent en étant redescendu
codicille 1 :en images
cette image partielle
se serrer dans les bras – les bijoux, les bras découverts – s’attraper – la photo qui fige – elle en blanc lui en noir – l’inverse serait moins plausible (lui derrière elle qui la serrerait en lui prenant le sein droit, celui du cœur) – la peau cet organe sensible et doux : si lui touche cette peau, elle ne touche que la sienne propre – voit-on une femme et un homme ? le blouson de cuir plutôt masculin (noir) le chemisier à manche trois-quarts non boutonnée – sa main droite à elle prise par la sienne à lui tous les deux ferment leurs bras et s’étreignent – une pose, à l’évidence; mais ici, non montrés les gestes manifestes des regards – les regards sont gestes aussi –
codicille 2
gestes genrés portés à la connaissance par des verbes
épicène bien que d’usage partiellement différent
investir un trône et s’y asseoir
fermer la porte à clé serrure targette
penser à Fernande bien que ça ne se commande pas
ou pas
manger des haricots la veille de l’enterrement de son chef de service
je n’ai jamais été jusqu’à sentir ni mes chaussettes ni mon slip
pour finir l’entièreté de l’image
Et le bleu paraît . J’ai cherché les images d’un film. J’ai pensé c’est vers le Sud ou ailleurs (il peut faire beau et bleu partout). L’homme je le vois … ce bras replié, ce poing dans le dos. La cigarette. La casquette… le pinceau il ne faut pas trop le charger. ( Il a chaulé j’aime ce verbe et ce blanc lait mat). J’aime la chute avec le gamin qui grimpe … on est dans l’image avec ses mouvements, un corps puis l’autre… ( les regards sont gestes ah oui !) Merci
merci à toi
récompense non méritée de mon retour plus rapide que pensais, lire avec gourmandise; pour la couleur, pour la justesse des gestes
et puis que j’aime cette claque qui coupe ma brève peur.
(ça n’était pas si grave) merci à vous, Brigitte
j’aime le glissement du texte par tirets… et puis ça raconte comme ça, tiret et encore… on y va
le bleu associé au geste de peindre, oui
(je me suis perdue avec le codicille et avec les images, j’ai perdu la magie du début, quelque chose sans doute que je n’ai pas compris…)
(désolé de te perdre) mais non – merci à toi
la magie du bleu dans le premier texte, la description précise des gestes la montée transgressive de l’échelle, la gifle, on voit le film
la photo dévoilée, le regard changeant, j’ai beaucoup aimé
merci à toi Huguette