Julie réfrène son envie de lui faire une natte, des couettes, des tresses. Au lieu de cela, elle la prend par les épaules et lui montre le plus grand phasme du terrarium. Depuis que Julie s’occupe de Murcia, son envie d’avoir une fille a décuplé. Pourquoi une fille ? Pour venger son genre ? Pour faire avec elle ce que n’avait pas fait sa mère ? Certainement un peu des deux. Elle avait envie de coiffer sa fille comme sa mère ne l’avait pas fait avec elle-même, avec douceur et précaution. Sa mère lui tirait les cheveux dès qu’il fallait ordonner ses cheveux désordonnés qui faisaient des nœuds. Une queue de cheval, des couettes ? Tout était prétexte à faire mal à Julie, à une séance de coiffage franchement brutale. Quand elle regarde les beaux cheveux de Murcia, Julie a envie de les coiffer avec douceur et précaution. Pas pour être maternelle ni maternante, Julie n’est rien de tout cela. Elle se dit qu’elle a une mission d’éducation et que si les transmissions se font avec douceur et précaution, peut-être que cela sauverait le genre humain.
André Barrière fait irruption dans la salle de classe. C’est la récréation et il avait envie de voir cet élevage de phasmes. Il dit bonjour à Julie et à Murcia, et il se penche vers les terrariums où il espère voir ces insectes impavides. Et il les voit. Il pose des questions à Julie qui ne lui répond pas, elle qui est si absorbée dans ses transmissions à Murcia. Soudain, André Barrière se poste derrière Julie et il lui frôle les fesses du bout des doigts. Elle se retourne, et elle lui claque une gifle sur sa joue droite.