André Barrière ne devrait pratiquer que la marche. Mais même ça il en est incapable. Cent dix kilos pour 1,57 mètres. Ankylosé jusqu’à la fin de ses jours. Sa démarche est lourde, pataude et claudicante. Il ne marche pas ou très peu. Quand il se déplace, c’est en voiture qui doit l’amener devant chaque station pour qu’il ait le moins de pas possibles à réaliser. Non, il ne marche pas avec un déambulateur, il est loin d’en être encore là. Sa démarche est assurée par sa faconde et son assurance en tout, bien que totalement ankylosée. Pour autant, il n’aime pas son corps qu’il sait trop gros, avec un ventre proéminent et de toutes petites jambes qui tiennent tous ces kilos en trop tant bien que mal. Surtout, André Barrière a une énorme barre qui lui scie le bas du dos. Il ne peut ni se pencher ni se baisser. Il a du mal à se relever d’un fauteuil lorsqu’il s’assied. Il ne peut tenir que deux positions durablement : couché et debout. Et pourtant, lorsqu’il marche, il se tient bien droit. Pas de voussure, juste des pas ankylosés, jambes et bras écartés du corps. Tout est dissocié chez lui. Dès qu’il s’assied, il ne peut pas s’empêcher de dormir. Disons qu’il ferme les yeux pour réfléchir. C’est ce qu’il dit lorsqu’il ne préside pas de réunion de conseil municipal.
La démarche d’André Barrière ressemblerait-elle à celle d’un hippopotame ? On peut dire qu’il y a de cela. Une réflexion un peu affligeante quand même. Mais force est de constater que certains clichés ont la vie dure. André Barrière se déplacerait comme un hippopotame et c’est pour que l’on ne se moque pas de lui qu’il réduirait son nombre de pas.