#gestes et usages # 08 l Cri

Tu les prenais par poignées, les cheveux de l’autiste, et tirais, tirais, jusqu’à ce qu’elle ouvre la bouche à la façon d’un poisson sur la berge.

finie à la pisse, débile, gogol

Tu cherchais à écarter l’élastique de sa culotte, mais elle gardait les cuisses serrées, tu enfonçais ta main malgré tout, entre les cuisses de la salope qui les avait ouvertes à d’autres, beaucoup d’autres, et pourquoi pas à toi.

chaudasse, chienne, pute

Dans ce pays

Les fous marchent au milieu des routes et des voies ferrées

Pieds nus et habits déchirés

Enfants de la machette

et du pilon,

tranche les seins de ta mère

tranche les oreilles, le nez et les couilles de ton père,

pilonne pilonne

pilonne

et vois la boue dans le mortier

ton frère

communiste, anticommuniste, opportuniste

Ils aboient après toi, les premiers de la classe, ils se tiennent à l’écart lorsque l’on pisse dans ton cartable, mais ils aboient.

petite bite, pédale, tapette

Tu dors à moitié, elle s’assoit sur toi, tu ne dis rien, elle frotte son sexe contre le tien, tu ne dis rien, puis elle l’introduit violemment, tu ne jouis pas, tu as honte et ne sais comment dire, arrête.

sois un homme, défonce-la, fais-la jouir

Dans les fondations d’un nouveau bâtiment

Le curandeiro coupe le cou

d’un poulet

Sous les lagons azurés

l’hydrocarbure

Et sur terre

le sang des têtes tranchées.

pépite à l’export, multinationales, boom gazier

Sodomiser un bébé guérit du sida

Les chauves ont la boite crânienne tapissée d’or

Une main d’albinos porte chance (entre 15 et 30 dollars sur le marché noir)

fracasse, tranche, enfonce

Et le cri muet de la jeune autiste

A propos de Pedro Tarel

en cours

2 commentaires à propos de “#gestes et usages # 08 l Cri”

  1. Il y a un truc qui se joue dans plusieurs textes là sur l’ambiguïté de la masculinité qui est intéressant et bien vu, sur la masculinité subie et la lucidité présente et aussi impossible, « je vois que ça cloche, que je suis embarqué en tant qu’homme et je suis embarqué quand même et c’est pire », c’est intéressant, je me demande ce que ça peut devenir, le jeu impossible avec ces enchevêtrements de rapports de domination (dominations sociales et économiques, dominations de genre, domination au sein même d’un même genre entre le « vrai mec » et la « tapette ») dont on ne peut s’extirper, qui font un peu penser au modèle de la tragédie, un Oedipe du mâle désarmé qui tue encore.