C’est à cause de la couleur que Séraphine a peur, quand le vert n’est plus vert, qu’il tourne au gris puis au noir et que le dernier rayon de soleil s’est envolé au-dessus des arbres, derrière les montagnes et que le blanc des montagnes lui non n’est plus blanc et que les montagnes disparaissent dans la nuit, une nuit d’encre, a-t-elle appris à l’école, comme si quelqu’un, le bon Dieu ou le diable, avait renversé l’encrier sur le vert et sur le blanc pour tout recouvrir de noir et de peur et de ces bruits qui viennent d’en bas, parce que c’est pentu et que dans la nuit on risque de s’encoubler aux racines des arbres, racines aussi noires que tout le noir qui entoure Séraphine quand elle descend vers la grotte qui est encore plus noire que le noir de la forêt, mais il y a ce qui brille dans le noir, deux yeux, un lynx, un loup, un renard, dans la forêt, et dans la grotte, les yeux des enfants cachés sous la couverture, des yeux dont l’éclat transperce le tissu.
J’aime beaucoup le début : « à cause de la couleur que Séraphine à peur », et comme on comprend que cette couleur est son absence même.