A cause de la couleur translucide, opacifiée de la pluie sur le paysage, on a tendance à se perdre. Et peut-être même à vouloir se perdre, s’évaporer, s’évanouir comme la pluie elle-même, qui semble imbiber le ciel et nimber, puis pénétrer toute surface, glisser dans le sol, disparaître. Se perdre veut dire s’enfoncer dans cette couche diluée, ce camaïeu de vert sombre et de brun terreux, ce lavis qui dissimule sa matière. Mais le soleil finit par tout assécher, hormis ces flaques dans les ornières, les trouées, le terrain accidenté de la forêt, glaiseux par endroit. C’est là qu’il faut sauter.
Quand j’étais petite, c’était à pieds joints, directement dans l’eau, éclaboussure étant synonyme de joie pure. Maintenant, c’est par-dessus, la foulée large qui enjambe, la course continue, qui ne se brise pas à cause de l’obstacle, qui ne se déforme pas, ne s’interrompt pas. Sauter, c’est prendre appui. La flaque est comme un passage de haie,