A cause de la couleur qui devait se trouver sur un vase, peut-être rempli de fleurs, sur un meuble, peut-être teinté au brou de noix, sur un tableau, peut-être représentant un sous bois à l’automne, sur un coussin, peut-être bleu ou ocre et posé sur le canapé gris, sur une statuette, peut-être un cadeau d’amis revenus du Tyrol, sur une tenture, un tapis, un napperon, un prospectus publicitaire, une bouteille de limonade, la vie s’écoulait sur le modèle d’une vie de famille standardisée. Mais derrière ces couches de peintures, manuelles ou imprimées, végétales ou artisanales, on cherchait à se protéger des éclats de voix, des lamentations répétitives, des insultes quotidiennes, des portes qui jurent, des repas qui se taisent, des mots qui menacent, des gestes qui provoquent. On s’inventait alors des couleurs d’aventures mystérieuses, à cheval dans l’ouest américain ou aux commandes d’un sous-marin improbable. On sautait à pieds joints sur des comptoirs d’épicerie, on mangeait des bonbons en chantant avec un petit singe sur une balancelle, on signait d’un Z tous les murs qu’on croisait. On se colorait de tout pour ne plus jamais rien devoir à personne.
Des couleurs évoquées ayant agi comme des masques protecteurs.
puis « On se colorait de tout pour ne plus jamais rien devoir à personne »
et pour gagner sa liberté
très touchée par ce texte
Ecrire pour gagner sa liberté. Merci!
très joli, astucieux, réussi. les couleurs peut-être, les certaines injures, alors l’énergie vivante et inventive de l’enfant pour exorciser tout ça.
Merci d’être passé par ici!
Que ça me touche!
Merci de la lecture, Nathalie!
tu vas aimer « Pauvres créatures » toi… (Yórgos Lánthimos, 2023)
Je ne vais plus au cinéma en fait. Je crois avoir essayé « Lobster » mais abandonné. Rien ne m’y a retenu. Merci pour la lecture Piero!