Il apparaît furtivement lorsque la voiture longe le talus, il est là dans sa solitude rouge, fragile et aérien, fier aussi d’une forme de force ou plus simplement de sérénité ; le coquelicot a une prestance de grande fleur, de celles qui changent le regard : tant que l’on ne l’a pas aperçu, on ne sait rien du printemps.
Il faudrait beaucoup de légèreté pour parler de cette fleur sur un talus de campagne. Non pas un champ entier de coquelicots, mais bien une fleur isolée, la première que l’on découvre lors d’une sortie, un jour de vagabondage. La sensation est différente. Bien sûr, on aime les deux : l’étendue rougeoyante d’un pré repu et la fleur seule accrochée sur la pente. Peut-être que le coquelicot, isolé sur son talus, a une force que l’on ne soupçonne pas, dans l’image qu’il nous renvoie. C’est un miroir. À sa manière, il semble dire que tout est possible.
Poppy, papavero, amapola, mak , coquelicot : comment trouver le mot qui sonne le mieux. Poppy est plein de douceur, comme un mot prononcé par un enfant, mais dire coquelicot, en prononçant toutes les syllabes avec délectation permet de faire danser le mot plus longtemps en bouche, de lui donner plus de saveur, de faire durer le plaisir. Et puis cette première apparition est tellement délicieuse lorsque l’on prononce ces mots : Oh, un coquelicot !
Furtif et plein d’éclat, lorsqu’on roule en voiture sur de petites routes, il est là dans sa solitude rouge, fragile et aérien, fier de cette forme de force ou de sérénité ; le coquelicot a la noblesse d’une grande fleur, celle qui éveille le regard : tant que l’on ne l’a pas aperçu, on ne sait rien du printemps, ni de soi.
J’ai retrouvé des observations, des sensations famiières mises en mot autour du coquelicot. Merci Solange.