l’auteure ma foi ne s’en sort pas. elle participe à un atelier d’écriture et les consignes qu’elle se coltine… cette fois, n’en pouvant plus, elle décide d’en inventer une nouvelle, plutôt elle décide d’adapter l’existante, d’adapter la consigne existante. on n’attend rien d’autre de toi. rien, personne, dit Sonia, n’attend rien de moi, qu’on n’essaye pas de me faire croire. elle est seule à attendre quelque chose d’elle, elle dit. cela dit, la galère de c’t’atelier. en fait, c’est une débutante.
« dans la nuit de samedi à dimanche » sera votre guide, votre mantra, et par sept fois, vous l’écrirez, et par sept fois, quoiqu’il vous passe par la tête, vous l’écrirez, vous voyagerez de nuit de samedi à dimanche en nuit de samedi à dimanche, sans vous soucier d’aucune chronologie, d’aucun passé, d’aucun présent, d’aucun futur. sans vous souciez de votre totale absence de mémoire, si c’était le cas. si c’était le cas, si la mémoire vous manquait, si la mémoire venait à vous manquer, si vous n’aviez jamais eu le sens du temps, eh bien, cette fois, c’est voulu, c’est l’atelier pour vous : la liberté par rapport au temps est totale. non, ça n’est pas nouveau ce que l’on fait, ça a même pris des appellations diverses, c’est historiquement daté, peu importe, on le fait à nouveau, on le refait. la seule contrainte vient de l’antienne, dans la nuit de samedi à dimanche, avec laquelle vous pourriez aussi bien ne chercher, n’entretenir qu’un rapport de rime. vous écrivez avec ce que vous êtes quand le sens du temps vous échappe, depuis l’enfermement où vous êtes dans un temps présent. et vous vous permettrez des sauts dans le temps, ou vous vous obligerez à des sauts, qui appartiennent aux sauts habituels de la conscience quand elle se laisse à dériver, quand elle laisse l’inconscient tenir la barre. ce n’est pas nouveau ce qu’on fait, simplement on le fait. vous veillerez juste à rester conscients qu’il s’agit seulement de la tentative de mise au monde d’un objet d’écriture, d’un jeu, de ce qui se fait avec la langue, d’une fiction avouée et donc en rapport avec la vérité. avec une vérité, la seule qui vaille, la non-universelle et absolument ponctuelle. vous espérerez seulement la présenter d’une façon telle qu’elle puisse, au moins pour un temps, contaminer quelques lecteurs. autrement dit, vous tenez la vérité comme une maladie, vous en vantez les qualités.
ça ne serait néanmoins pas mal que l’on ressente quelque chose de la grande hache de l’histoire de l’inexorabilité absolue de la flèche vers la fin et de la mélancolie que ça entraîne ou de la terreur (ou de la joie). l’ombre ou le motif. et c’est d’ailleurs de cela qui s’agira dans cet exercice. mais par la bande, de biais. comment on fait pour y faire face. face à la hache.
si vous aviez la moindre intuition que pour s’en sortir c’est au cœur de la hache qu’il faut se tenir, vous irez là, sur le fil du rasoir, comme vous savez faire. comme vous savez le faire, j’ai toute confiance en vous.
on attendrait donc de chacun qu’il donne une idée de sa mesure, de son traitement de la mesure. la mesure aussi comme la vérité, une maladie. face à la démesure de la mort, aucune mesure qui ne se conçoive au bout du compte que comme une mesurette, une dérisoire, et pourtant dans cette mesurette, on peut aller s’enfermer, trouver refuge, abri. la mesure est une fiction qui permet de battre le temps, d’en jouer, d’en jouir. enfin là c’est moi qui délire et vous m’en excuserez.
on le fait aussi pour vous permettre de trouver votre mesure, votre tempo particulier, votre façon particulière de faire battre le temps, votre mesure et vous permettre d’échapper un moment à la mesure des autres, à la commune mesure. de faire vos propres recoupements. parce qu’enfin, l’histoire, même avec un grand H, n’est jamais qu’un traitement de l’oubli, de la perte. cette perte qui nous frappe les uns et les autres diversement, laissant certains plus longtemps sur le carreau. et quand on n’a pas l’histoire, on a la durée. ou quand on n’a plus l’histoire, on a la durée.
ah oui donc, je disais par sept fois. ça aurait pu être par trois fois. mais par 7 fois c’est bien, c’est un tout petit peu trop long. surtout c’est arbitraire, sept, en même temps, ça n’est pas rien, non plus, comme chiffre, je ne vais pas m’embarquer par là. mais vous pourriez vous y fier, avant envie d’y croire à la magie du chiffre, à la magie du chiffre sept, à la magie tout court d’ ailleurs, comme je l’ai déjà dit. donc vous le faites, vous numérotez, vous écrivez les numéros, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, et puis vous y allez. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 à la bicyclette pouèt pouèt, comme disait ma mère du temps qu’elle mourrait lentement.
à corriger : il faudra dans le futur tout réécrire et dire qu’il s’agit de la reprise d’un atelier de François Bon, à l’été 2023, un atelier dont simplement on modifie un peu la consigne.
à corriger 2 : il faudra dans le futur tout ré-écrire de façon à ce que tout soit CLAIR.
à corriger 3 : à ré-écrire une fois que l’exercice aura été fait selon la nouvelle règle, une fois que l’épreuve en aura été faite.
Comme j’étais (et suis de nouveau) en retard sur le rythme de l’atelier, j’avais fait l’impasse sur la 4bis. Mais votre texte m’a donné envie de l’écrire. Merci !
Ah, ça c’est drôle, c’est chouette, contente pour vous. Merci Muriel!