Comme je le disais, il était là, presque aussi immuable que les petites boites en fer dont on ne devinait même plus l’étiquette. La paix, avoir la paix, pouvoir fumer sans entendre Georges tu nous enfumes avec ton cigare- c’était même pas un cigare façon Al Capone, même pas un petit cigarillos, non c’était un Gitane, sa Gitane, mais elle n’y connaissait rien, de toute façon c’était comme le vin, elle n’y touchait pas, il se demandait parfois à quand remontait leur dernière discussion, n’osait pas se demander à quand le dernier plaisir. Comme je le disais, il était là, presque invisible tellement le néon au-dessus de l’établi éclairait peu, la poussière amassée sur le tube l’obturait petit à petit. Paraît que c’était pareil pour les artères, s’il avait bien compris le toubib. Encore un rigolo celui-là, bon qu’aux moralisations, ah c’était pas comme le père Bonnet, un vrai, un de par chez nous, même s’il avait étudié, il se souvenait qu’il était du coin, un bon copain. Comme je le disais, il était là, lui aussi, quand il avait fallu y aller, s’était pas dégonflé devant le désastre. Le nouveau, lui, il aurait appelé les secours mais ça aurait été trop tard, fallait cautériser et puis piquer la bestiole direct. Comme je le disais, il était là, Gitane au bec, rafistoler le volet, paraît qu’il claque, qu’elle lui a dit. Il ne sait pas, la nuit, il dort, surtout depuis qu’on lui a flanqué cette machine pour respirer, encore un coup du rigolo. Comme je le disais, il fallait piquer la bête ce jour-là, pourtant Dieu sait qu’il en a pleuré, c’était le chien du père, méconnaissable, enragé…Si le père avait été encore là, tu crois qu’il aurait pu l’arrêter ? Si le père avait été là….Restent ses outils que le fils, Georges, aujourd’hui aussi vieux que le père, continue de ranger religieusement, comme les boites de conserve-cendriers . Comme je le disais, il restait là.
sais pas laisser de commentaire (c’est pour ça que he n’aime pas le faire) alors que dire : c’est juste comme ça que tu devais le dire
Oh merci Brigitte…je crois que ce commentaire est l’un des plus touchants jamais reçus…à très vite dans nos textes (et je viens vers chez toi cet été, on en reparle …)