Le Sud : la fenêtre du salon donne sur le petit balcon, on voit au loin la presqu’île de Saint Mandrier, elle cache la ligne qui sépare la Méditerranée et le ciel. Il y a une navette qui joint Tamaris au port de Toulon et permet aux enfants de rejoindre le lycée Bonaparte, qui est aussi un collége. C’est le lycée chic. Celui devant lequel passe le bus qui mène au CES Peiresc et qui vient des quartiers nord. Le découpage scolaire explique que les enfants des quartiers nord, ceux qui vont au collège, doivent passer tous les jours avec le bus devant le lycée-collège Bonaparte et continuer sur l’avenue pendant vingt minutes pour arriver à leurs collèges à eux dans un quartier qui ressemble au leur pour qu’ils ne soient pas dépaysés. C’est à cause du découpage scolaire, c’est comme ça, on n’y peut rien.
Pour prendre le bus, il faut aller à l’Est. Sortir de la boucle que fait la rue Sidi Brahim autour des deux bâtiments à quatre étages de la petite cité. La boucle enserre seize familles dont deux ont des enfants qui prennent le bus pour le CES Peiresc. Les enfants marchent jusqu’à l’arrêt Genin, le terminus du bus au milieu des immeubles. C’est à cinq cent mètres mais c’est un autre monde, dangereux la nuit, il faut vite rentrer à la maison l’hiver. Il y a quelques petits commerces, mais pas question d’y acheter quoique ce soit.
Pour les courses, il y a le marché du pont du las, il faut sortir de la boucle, tourner vers l’Ouest et descendre la rue Sidi Brahim puis suivre un long moment l’avenue du général Gouraud, tourner à la rue Jeanne D’arc et rejoindre les étals du marché en passant à travers la place Martin Bidouré. On trouve presque tout au marché du pont du las. C’est bruyant. Chaque étal a une vendeuse hurlant les mérites de sa marchandise. Mais les plus impressionnantes sont les vendeuses de Socca avec leurs chariots à roulettes supportant le réchaud et la plaque de fer où cuit la farine de pois-chiche. Elles crient simplement « Socca » en retournant des morceaux de cette galette jaune pour les mettre dans un cornet de papier. Il faut la manger tout de suite tant pis si ça brûle les doigts.
L’entrée de l’immeuble est au Nord, il n’y a pas d’accès direct vers le Mont Faron, il faut sortir de la boucle car les numéro pairs de la rue appartiennent à des petites maisons, serrées l’une contre l’autre avec chacune un petit jardin à l’arrière et une cour cimentée sur le devant, fermée par une grille à barreau. De l’immeuble, on peut voir les cours, alors les habitants obturent les grilles avec des canisses.