Le silence. Passer la porte et le sentir là comme cette masse amorphe qui vient s’échouer sur les épaules. Ne pas savoir où poser le corps dans ce mutisme hypocrite, oui parce que juste avant, il n’était pas. Choisir le siège le plus discret, chaise pliable calée dans le coin le plus anodin de la pièce, mais, oh misère, n’est-ce pas au contraire un vicieux piédestal parfait pour accueillir tous ces regards faussement fuyants ? Arrive cette furieuse envie de crier que l’enfer c’est les autres mais ne rien dire, c’est trop banal, y’a que quand tu le vis que ça te scalpe l’extériorité tellement fort qu’elle semble disparaître. Sentir ta présence coïncider avec les extinctions de voix trop soudaines pour être authentiques, ça fait mal. Oh non ils n’étaient pas en train de se recueillir, la meneuse des on dit balancés avec entrain siège en tête de table, largement installée sur sa chaise, une posture qui dit son emprise, sûrement, dans ce lieu où elle se targue de faire partie des meubles, mais un meuble ça ne dit rien, ça encaisse, coups, ronds de tasse, bringuebalements, déménagements. Celle-là on aurait envie de la faire voler de son trône. Mais alors que feraient ces autres qui, avant le silence de ta venue, étaient sans doute pendus à ses putain de lèvres qui ne doivent plus embrasser que son chien, c’est bien fait. Cette envie de les cribler de question sur ce silence de plomb, sur ce petit rictus qu’un des membre peine à dissimuler, mais vas-y, rigole un bon coup merde ! Même le rire ne doit pas sortir du groupe, ça ne se partage pas. La petite chaise pliante grince et colle aux fesses, comme ce silence.
j’adore la petite chaise discrète qui se mue en piédestal – bien vu
Oh merci Brigitte!!