C’est à elle qu’incombe la tâche, l’ingrate tâche, vider les lieux, faire place nette, cibler tous ces ornements d’un autre temps et les dégager sans hésitation. Là, attraper le souvenir qui n’appartient à plus personne sans se demander s’il avait été offert, décidé, aimé même, comme on peut s’engouer pour un bouquet de fleurs en tissus, on ne sait pas si c’est possible, on imagine. Ses mains se placent sur les poussièreuses parois de verre , elle s’amuse à y tracer un cœur, c’est stupide et enfantin, mais personne ne la voit, elle sait que ses cœurs sont mal tracés, n’y est jamais arrivée, sait pas dessiner, sont moches, les cœurs, tous. Le résidus de poussière sur son index s’insère dans les empreintes digitales, c’est presque plus beau que le cœur, des doigts salis. Il faudrait la casser, cette cage, voir si les fleurs survivraient sans leur éternelle socle de verre, ces Belles au bois dormant qui peuvent toujours attendre, personne ne viendra en réveiller l’éclat, il est mort, il faut vider les lieux et enfin jeter ce nid à poussière qui empêcherait la mise en valeur idéale, ce sont les mots , ceux de l’agence immobilière. C’est à elle qu’incombe la tâche, elle les fourre dans un grand sac, on verra plus tard.
Beaucoup aimé ce vivifiant débarras, si difficile de savoir faire table rase !
Oui Muriel, si difficile…merci pour cette lecture!
Quand on ne sait pas on jette, m’avait dit un ami auquel je prêtais main-forte pour vider la maison (et les dépendances) de ses parents. Le père trépassé, la mère dépassée, la sœur hystérique… c’est un vrai sujet que tu tiens dans tes mains poussiéreuses et qui nous concerne(ra) tous et des deux côtés (vif et mort)
Oh merci pour ces évocations et ton avis précieux, contente de te retrouver, à très vite dans nos textes!
C’est court, mais c’est réussi, bravo.
Merci beaucoup cher Laurent!
De l’ingrate tâche à laquelle on se soustrait à la première excuse, la poussière accumulée sur le bout du doigt donne une parfaite illustration. Bien envie que tu ré-ouvres ce sac.
Merci Jean-Luc pour ta lecture, cela va m’aider à ré-ouvrir ce fameux sac….
« Le résidus de poussière sur son index s’insère dans les empreintes digitales, c’est presque plus beau que le cœur, des doigts salis. Il faudrait la casser, cette cage, voir si les fleurs survivraient sans leur éternelle socle de verre, ces Belles au bois dormant qui peuvent toujours attendre, personne ne viendra en réveiller l’éclat, »
c’est très beau, je suis touchée, merci
Touchée en retour de cette lecture Françoise, merci