Les poils, à cette distance, ne se verraient sûrement pas, mais les sentir, ces minuscules barrières érigées malgré soi contre la perfection fantasmée, envahirait la scène, freinerait toute réussite, boucherait la vue, oui, dans leur imperceptible immanence désinvolte, dans leur insidieuse poussée souterraine, -celle qui se joue avant l’éclosion, celle qui remue les profondeurs de la chair innocente-, dans leur impertinente incarnation, ils nuiraient à la projection de soi déjà si difficile. Une obsession frénétique du lisse pour un corps qu’on ne touche cependant plus, une peau lasse de l’ absence de main d’un autre qui viendrait doucement en vérifier la netteté, comme abandonnée, et pourtant si vive. Rouge vif . Ces parcelles- là sont à reléguer dans le hors-cadre, avancer encore un peu pour faire basculer dans le champ de l’invisible ces morceaux de soi mâchurés par les éruptions. Se centrer sur le reste, photographier pour éprouver encore un peu l’existence cutanée, la cadrer sans imperfection pour qu’elle puisse encore stimuler quelques désirs voyeurs échoués sur des images dérobées.
àh la peau lisse
j’aime beaucoup
Merci Véronique!