La rue Niki de St Phalle est la dernière de sa tournée. Pour lui c’est une côte. Il l’attaque la sacoche allégée. Il ne lui reste à délivrer qu’un magazine pour le numéro un, une lettre des impôts pour le trois, et une lettre recommandée pour le cinq. C’est une rue qu’il apprécie, bordée d’un côté par quelques immeubles anciens en pierre blanche, balcons en fer forgé, et de l’autre par les grands arbres du parc Beatrix Farrand. Quand il a commencé à travailler dans ce quartier il a fait des recherches sur le nom de chaque rue, chaque square, chaque parc. Pour Beatrix Farrand il a trouvé qu’elle était une paysagiste américaine née en 1872. Issue d’une grande famille new-yorkaise. De formation universitaire, elle a eu une grande influence sur l’orientation des parcs paysagers aux Etats-Unis. Et, ce qui l’impressionnait le plus, c’est qu’elle a été la seule femme membre fondateur de l’American Society of Landscape Architects. Il aime lire l’histoire de ces femmes qui ont su prendre une place importante dans la société malgré le handicap que représente encore le fait d’être femme. Parfois il se disait qu’il aurait aimé être femme, que peut-être aurait-il eu un tempérament plus… combatif. Dans son journal, il écrira en fin de journée à propos de cette rue je crois que c’est la rue que je préfère, on y voit les saisons.