Samuel est le premier à mettre les pieds sur le sable. Tom bien que chaussé de baskets s’y enfonce à son tour. Luis tient en équilibre sur les mini dunes comme il peut. Marguerite rit en se tenant à Samuel pour pouvoir retirer ses chaussures. Tous constate que le sable est chaud à l’exception de Tom. Ils accélèrent pour ne pas se brûler les pieds. Ou vont-ils s’installer ? Ici, près des rochers ? Il y a un peu d’ombre cela pourrait convenir à tout le monde — ceux qui désirent être au soleil le seront et ceux qui apprécieront l’ombre en auront aussi pour leur compte. Pas mal de monde est déjà étalé dans le coin. Une pensée surgit : peut-être est-ce le coin où l’on vient faire pipi dans la journée. Non, dans l’eau c’est plus pratique. Tout le monde pisse dans l’eau. Pas toi ? Paraît-il que l’eau est plutôt froide en ce moment. C’est vrai, pas grand monde dans l’eau. Elle est pourtant calme. Les pieds brûlent, il faudrait se décider. Certainement pas là-bas, des gosses jouent au ballon. Alors il faut se remettre à marcher. Un nuage de poussière claire autour de quatre sillons. Et les sillons s’effondrent. Tous posent leur sac. Ce sera ici. Tom a choisi l’endroit. Marguerite pose sa serviette. Samuel aligne la sienne à coté. Luis étale son paréo en travers, parallèle au rivage. Tous se déshabillent. En maillot de bain, ils se regardent — discrètement, mine de rien. Les regards balaient les corps de la tête aux pieds, un détail. Tom à une peau légèrement velue, duveteuse. Marguerite est généreuse. Samuel cache bien son jeu. Luis pas mal non plus. Ils regardent le ciel. Le soleil n’est pas encore très haut, il est opaque comme derrière une fine pellicule de gras. Il semble trembler. Il est d’une blancheur. Il est comme pressé, un citron. Ou un blanc d’œuf avec un peu de friture pour contour. Et tous se tartinent une bonne dose de crème solaire. À l’avant du corps d’abord. Marguerite est assise sur sa serviette et se masse les chevilles. Quoi ? Qui a montré qu’il avait les fesses blanches ? Tom est debout, penché en avant et tente de remonter la crème le plus haut possible dans son dos entre les omoplates. Luis va l’aider mais termine de recouvrir son bras gauche. Samuel a fini, un étalage sommaire, il s’occupe des épaules de Tom. Marguerite le regarde encore. Ils sentent comme des friandises. Tous marchent vers le rivage, posent les pieds dans l’eau. Elle est froide. Ça va. Une fois dedans ça devrait le faire. Il faut mouiller sa nuque avant d’entrer complètement dans l’eau. Les reins aussi. Elle est fraîche mais pas froide, pas de raidissement des articulations. Qui aime dire ça d’un ton professoral ? Des pensées et l’écume blanche, fines sur les orteils. Des caresses. Luis est le premier dans l’eau. Marguerite plie les genoux en criant de surprise lorsque sa poitrine entre dans l’eau. Tom hurle en plongeant la tête la première. Samuel se glisse dans l’eau, un indien la nuit dans un vieux western. Tous nagent comme ils savent. C’est vrai qu’une fois dedans l’eau est bonne. Cela fait du bien. Un peu froide quand même. Vous venez. Et tous nagent plus vite.