Les murs de la honte ne sont pas prêts à s’écrouler. Lieu de silence. Chambre. Espace noir où on se débat, encore. Où on se heurte. Contre les murs. Encore. Contre les cataclysmes de notre tête. Contre les livres de nos murs. Contre cette force qui interdit d’agir. Cette voix intérieure qui en nous inscrit la peur de parler. La peur d’importuner. Cette voix qui nous reproche d’avoir tout étalé. Ta peau écorchée rêche saigne encore. Espace de lutte. Contre les autres corps. Contre cet autre corps, tyrannique, et toutes les pensées qui chuchotent, se passent le mot. C’est une lutte acharnée, pour éviter sa bouche, pour éviter leurs mots. On se heurte au lit. On s’agrippe aux draps. Et les murs ont honte. Et les rideaux se déhanchent dans le vent. Il se débat.
C’est comme un cauchemar, ça s’enroule autour de ta gorge, ça te vide, tu n’es plus qu’un corps flasque, tu se sent démuni, désespéré. Tout ça te donne mal à la tête. Quel que soit leur bord, leur camp, leur engagement. Tu te méfie d’eux. De leurs discours préenregistrés. Tu la sens trop, l’indifférence de l’humanité. Leur silence. Leur tendance à faire des choix. Choisir leurs combats. Et quand ça met en péril leur narratif, ignorer. Ils se battent contre les violences. Comme si on se battait contre toute violence. On laisse toujours passer des choses.
N’en parle pas, la famille ne s’en remettra pas, tu leur feras du mal.
Il se débat. Veut crier. Rien à faire. Aucun son ne sort de sa bouche. La chambre a gardé des séquelles. Ici et là, des taches de sang. Par endroits, le papier peint est arraché. Les draps sont maintenant silencieux. Le plafond n’ose rien dire. Et dehors, il y a les parents, qui ignorent les cris étouffés de l’enfant qui se débattait, de tous les enfants qui se débattaient sous ce toit, à qui jamais on ne donnera la parole, et qui devront, des années après, travailler à briser les sales tabous d’une société faussement concernée.
Idem que pour la 15.