Précautions de lecture: logorrhée à visée purgative
Il est 4h00 du matin, je me lève, j’aurais pu en être si satisfaite, il est 5h30. Pendant une heure et demie, 90 minutes, une souris sauvée des griffes du chat, trois cafés quatres clopes, se demander comment, comment, comment. Repousser les pourquois. Il n’y a rien là que je veuille consciemment explorer. Parce qu’il n’y a jamais de bonnes réponses aux pourquois. Les comments permettent d’ouvrir, de dépasser, de se dépasser. Les pourquois enferment dans sa propre condition, petite, insignifiante, à peine de l’épaisseur d’un maigre corps agrémenté ça et là d’un morceau de pensée tout rabougri, prémâché, prédigéré, plus mou encore qu’une de ces lèches de pluie trainant sur mon trône, la margelle de la porte d’entrée de la maison dans laquelle je vis encore et sur laquelle je fume, je fume, je fume. Quand je suis revenue de mes 40 minutes de sieste culpabilisantes, je savais très bien en partant que je n’aurais pas du la laisser seule à ce moment-là, elle est aussi fatiguée que moi, au moins, voire voir. Je me suis réveillée en panique, 18h30. Elle est seule, là-bas, depuis au moins 1 heure 20. J’ai rentré le chat, ça me fera une excuse en moins pour les angoisses. J’arrive, j’arrive, j’arrive. Plus que trois marches, validées par les Hautes Instances des Bâtiments de France locales, pas égales, non, glissantes par temps de pluie, oui, mais ce sont bien elles que les clients aiment gravir afin de se retrouver légèrement « au-dessus ». Au moment de monter ces trois marches, je n’étais certainement pas réveillée de ma sieste, une clope sans café n’avait fait que m’embrumer un peu plus les esprits. IL était là, table verte, chaise près de la porte. Au demeurant, rien à signaler, surtout dans mon état. Saluer les Zautres gens zaussi. Malgré que, il n’est pas seul. Ils sont au moins trois, de mauvaise mémoire. « Ils mangent » me dit-elle pour me mettre au courant de la marche. Je me sens si désolée de l’avoir laissée seule pendant tout ce temps. Mais je ne pouvais pas, je ne pouvais plus. Il fallait que je repose mes oreilles, reliées à tout le reste du petit corps, de toutes ces demandes d’attention « particulières ». Que chacun veuille se sentir unique, je le conçois. Moua-même…Mais que chaque un se démerde un peu pour l’être sans le demander à l’autre, me semblerait un minimum pour démarrer la quête. A ce moment-là, on avait dû servir une trentaine de clients. Et tout s’était bien passé avec une vingt-neuvaine d’entre eux. Il était arrivé, si j’ai bien compris, peu de temps après mon départ, ma fuite, ma coupable démission temporaire. Elle s’était donc retrouvée seule à le gérer lui, et les Zautres. Il avait été dithyrambique m’a-t-elle dit sur la qualité du pain perdu que j’avais préparé le matin. Mes esprits embrumés s’étaient alors immédiatement méfiés. Toujours, toujours, toujours. Se méfier des compliments trop nombreux, trop coulants, trop trop. Et il m’en avait remis une couche. Tu lui as bien dit que la table était réservée, hein, tu lui as bien dit ??? Oui, elle lui a bien dit. Mais il s’en fout. Mais elle lui a bien dit. Mais il s’en fout. Encore des assiettes, encore des vaisselles, encore des clients, puis. Puis trop de fatigue, plus de jus. Les réservés arrivent, ils sont encore assis à la table. Une erreur de timing d’un quart d’heure. Monsieur, les Réservés sont arrivés…il active son smartphone, celui-ci lui indique « 19H10 ». Ah oui, mais on m’a dit qu’elle était réservée à 19h30 !!! Cette seconde. Interminable. Il y avait plein de solutions possibles. J’aurais pus leur proposer de venir à l’intérieur, ou simplement de changer de table. Mais ces solutions ne m’ont même pas effleurées. Trop de fatigue, trop de morgue, trop de compliments foireux entremêlées de questions suspicieuses sur l’origine du fromage. Ben oui, il est local. Ben non, il n’est pas industriel. Mais qu’est-ce qu’il fout là, lui ? Il n’a pas de goût ? d’odorat ? de toucher ? Je ne me suis pas excusée. Non. Pas cette fois. Pas encore. On l’a prévenu. On a juste un quart d’heure de décalage. Je ne vais pas m’excuser pour un quart d’heure de décalage. D’ailleurs la dame qui l’accompagne me donne un indice. C’est son côté procédurier. C’est là. C’est là que j’ai bloqué sur le mot procédurier. Il y a des mots qui me font bloquer. Procédurier en est un. Dans ce cas-là, Monsieur, je vais vous appeler ma mère et vous pourrez passer en revue le site de légifrance si ça vous tente. Et j’ai fui à l’intérieur. J’ai demandé de l’aide. Mais elle était encore plus fatiguée que moi. Elle ne s’était pas reposée. Elle l’avait géré une heure toute seule déjà. Alors en cinq minutes, il a fait foirer toute la journée. Toute une belle journée pleine de gens sympathiques qui avaient passé un super moment, là, à gouter ce qu’on avait préparé toutes les deux toute la matinée, dès 8h45. Il est 19h15. Il est 06h07. Et je suis encore en rage. Alors quoi ? Je la plante dans le cul somptueux de ma passion néfaste, ma plume d’Ange ???
Merci Alexia pour « il n’y a jamais de bonnes réponses aux pourquois » et merci aussi pour Nougaro, l’arbre et l’oiseau.
Merci du pas sage…en mode « cherche sa vertèbre »…
Merci Alexia pour ce texte matinal. Bonne journée.
bah da rien…z’auriez pas vu une vertèbre, petite mais utile finalement…? ‘doit po être loin…