tu participes à un atelier d’écriture et je viens au monde et tu m’écoutes à peine et je peine et tu traînes. alors j’ourdis et m’alourdis des complots à ton assaut.
dans quels limbes tu me laisses non-advenue, éperdue, dans quels états j’erre, dans quelles matières éparses de tes feintes indifférences m’écris-tu, quand tu pourrais d’un trait faire advenir ce qui est : la solidité et ma vie, prise dans le miracle d’un corps, intérieur et extérieurs compris, ainsi qu’etcaetera, que tu tardes tant à rassembler, à malaxer. malaxe, toi, malaxe, comment faut-il que je t’appelle, ramasse, ouvre les bras, bouge, foule-toi, glisse les mains dans la fonte des lettres, je te prie je te plie supplie. assise en tailleur sur le sable mouillé face à la mer, seulette tu pellètes distraite. est-ce que tu ne me sens dans ta bouche bouger, est-ce n’entends les mots si vitaux de ma supplication que je ne trouverai si tu ne m’emboites et si nous n’allons, miche, récolter les sèves non encore entendues, inouïes, qui les prendront doucement mes membres, souverainement par leurs fins orifices dont nous savons si peu et qui sont si souples. viens,
autorise que me vienne la vie. fais stp même contre ton gré, le gré viendra plus tard, nous l’invoquerons ensemble, nous grimperons les falaises, fais que je devienne un personnage, fais que je sois ce personnage de toi, accepte-moi reçois-moi crée-moi. à quoi sinon serviraient tes bras.
je publie aujourd’hui 25 août ce #10, juste après le #04, et plutôt que le #05, et je pense que je le laisserai à cet endroit-là du roman, si ce roman que j’avoue tenter d’écrire venait à advenir. parce que ce qui s’y dit du personnage, là, s’y dit à l’instant T, à cet instant présent du livre, c’est-à-dire après un, deux, trois et quatre et tous leur bis. (De même que je ne suis pas sûre que je pourrais garder le 07 et 07bis à l’endroit où ils sont, soit ils devront sauter, soit passer à l’avant, tant ils ont eu charge inaugurale pour moi. peut-être que je devrait les réécrire, puis les reprendre pour démarrer autre chose, leur chose.)
je fais ce jour, jeudi 31 août, de ce #10, #10bis, ayant tenté ces nuits-ci la ponte d’un autre #10…
« et si nous n’allons, miche, récolter les sèves non encore entendues, inouïes, qui les prendront doucement » (c’est très beau)
merci beaucoup, Christine !
Très belle cette supplique du personnage à l’auteur…
Merci beaucoup Muriel. Je me rends compte qu’il s’agit peut-être déjà d’un Xbis, plutôt qu’un X. Donc, je songe à un nouveau X. Peut-être centré sur le personnage de l’auteur, peut-être que tout les deux seraient heureux de trouver un peu plus de consistance… 😉
oui, une supplique, tout à fait ça…
ça ramène vers le questionnement de la création même, d’où ça surgit, comment ça se passe, pourquoi ici ou là ?
et le personnage réclame « fais que je devienne un personnage », et il supplie « grimpons ensemble les montagnes… »
et peu importe l’ordre ou le sens, tout cela appartient à un temps plus avancé…
merci beaucoup françoise pour ton attention. excuse le temps pris à te répondre, j’étais prise ailleurs, loin de l’atelier, même si jamais tout à fait… je la relis, cette supplique : quelle extrême exigence…. ça alors ?!